L’épidémie de mpox en 2022-2023 : une étude révèle le rôle des anticorps neutralisants dépendant du complément chez les personnes infectées et vaccinées

En 2022-2023, une épidémie sans précédent de 87 000 cas de mpox s’est produite dans des zones non endémiques, touchant des personnes sans lien direct avec les voyages en Afrique centrale ou de l’Ouest, où le virus a historiquement été présent. MPXV est principalement transmis aux humains par les rongeurs, la transmission interhumaine se produisant via des gouttelettes respiratoires ou des contacts étroits. Les symptômes sont moins graves que ceux de la variole, et le taux de létalité est plus faible. Selon Santé publique France, environ 5 000 cas d’infection par MPXV ont été signalés en France depuis mai 2022. MPXV continue de circuler à des niveaux très faibles dans les zones non endémiques, d’où l’importance d’améliorer la caractérisation et d’analyser la réponse immunitaire des personnes infectées par le virus ou vaccinées avec IMVANEX, le vaccin de troisième génération actuellement disponible, initialement développé pour la variole.

La recherche collaborative pour étudier la réponse immunitaire

Les équipes de recherche ont collaboré avec des cliniciens, des vaccinologues et des virologues de trois hôpitaux français (hôpital Henri Mondor à Créteil, hôpital de La Pitié-Salpêtrière et hôpital d’Orléans) pour mener cette recherche multidisciplinaire. Le grand nombre de sérums analysés a permis d’obtenir une bonne puissance statistique, ce qui a permis de restreindre l’analyse à des sous-groupes de patients en fonction de différents critères tels que l’âge.

L’étude sur la sensibilité de MPXV aux anticorps neutralisants

Dans cette étude, publiée dans Cell Host & Microbe, la principale revue sur les interactions entre les microbes et le système immunitaire, les scientifiques ont étudié la sensibilité de MPXV aux anticorps neutralisants (NAbs) générés après l’infection par le virus et/ou la vaccination avec IMVANEX. Le vaccin IMVANEX a été utilisé en prophylaxie pré- et post-exposition dans les populations à haut risque, mais son efficacité n’est pas encore bien caractérisée. Pour analyser la sensibilité du virus, l’équipe de scientifiques a développé deux tests cellulaires permettant de quantifier les anticorps neutralisants, en utilisant soit le virus atténué comme vaccin (MVA), soit une souche de MPXV isolée chez un individu récemment infecté.

L’étude a démontré le rôle du complément, déjà connu pour d’autres poxvirus, et l’activité neutralisante des anticorps générés par l’infection ou la vaccination. Des niveaux robustes d’anticorps anti-MVA ont été détectés après l’infection, la vaccination avec le vaccin historique contre la variole, ou l’administration d’IMVANEX ou d’un autre candidat vaccin à base de MVA. MPXV était faiblement sensible à la neutralisation en l’absence de complément. L’ajout de complément provenant de sérums a amélioré la détection des individus présentant des anticorps et a augmenté leur niveau d’anticorps anti-MPXV. Quatre semaines après l’infection, des anticorps anti-MVA et anti-MPXV ont été observés chez 94 % et 82 % des individus, respectivement. Deux doses d’IMVANEX ont généré des anticorps anti-MVA et anti-MPXV détectables chez 92 % et 56 % des vaccinés, respectivement.

Une immunité hybride chez les personnes nées avant 1980

Le niveau d’anticorps le plus élevé a été trouvé chez les personnes nées avant 1980 (qui ont donc été vaccinées contre la variole), que ce soit après l’infection ou après l’administration d’IMVANEX, soulignant l’impact de la vaccination historique contre la variole sur les réponses immunitaires à l’infection ou à l’administration d’IMVANEX. Cela suggère qu’une sorte d’immunité hybride a été générée chez les individus infectés qui ont été vaccinés dans leur enfance.

De nouvelles pistes pour lutter contre MPXV

Le nombre d’infections par MPXV n’a cessé d’augmenter depuis l’arrêt de la vaccination de masse contre la variole dans les années 1980. « Les tests de neutralisation développés dans le cadre de cette recherche peuvent contribuer à définir les corrélats de protection contre l’infection ou la gravité de la maladie. Ils peuvent également être utilisés pour mener des enquêtes épidémiologiques, évaluer la durée de protection conférée par une infection antérieure ou par des vaccins autorisés et candidats, et analyser l’utilisation d’interventions immunothérapeutiques. Ces tests sont des outils utiles pour comprendre les mécanismes de multiplication de MPXV et ses effets sur la santé publique, et pour optimiser le traitement des patients », a commenté Olivier Schwartz, chef de l’unité Virus et Immunité de l’Institut Pasteur et dernier auteur de l’étude.

Références :

• WHO figures.
• Santé publique France. Mpox (MPXV) : la dernière situation en France au 27 avril 2023.
• Cette étude a été soutenue par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, qui a fourni des échantillons pour la recherche.
• Le complément est un système de protéines dans le sérum qui contribue à la défense de l’organisme. Il intervient dans les mécanismes d’élimination des agents pathogènes. Le chercheur de l’Institut Pasteur Jules Bordet a reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1919 pour ses recherches sur le rôle du complément et des anticorps.

Journal

Cell Host & Microbe

Méthode de recherche

Étude expérimentale

Sujet de recherche

Cellules

Titre de l’article

Anticorps anti-MPXV neutralisant dépendant du complément chez les personnes infectées et vaccinées

Date de publication de l’article

4 mai 2023

FAQs

Qu’est-ce que le mpox ?

Le mpox, également connu sous le nom de monkeypox ou virus MPXV, est une maladie provoquée par le virus de la monkeypox. Elle entraîne des symptômes similaires à ceux de la variole, mais de manière moins sévère. L’épidémie de mpox en 2022-2023 a affecté plus de 87 000 personnes dans 170 pays.

Comment le MPXV est-il transmis aux humains ?

Le MPXV est principalement transmis aux humains par les rongeurs. La transmission interhumaine peut se produire par des gouttelettes respiratoires ou des contacts étroits avec une personne infectée.

Quelle est l’efficacité du vaccin IMVANEX contre le MPXV ?

L’efficacité du vaccin IMVANEX contre le MPXV n’est pas encore bien caractérisée. Des études ont montré qu’il génère des anticorps neutralisants chez la plupart des personnes vaccinées, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement son efficacité.

Quels sont les résultats de l’étude sur la réponse immunitaire au MPXV ?

L’étude a révélé le rôle du complément, un composant du système immunitaire inné, dans la réponse immunitaire au MPXV. Des niveaux élevés d’anticorps neutralisants ont été détectés chez les personnes infectées ou vaccinées, avec les plus hauts niveaux chez les personnes nées avant 1980, suggérant une immunité hybride chez ces individus.