Une terrible frayeur a récemment secoué la région d’Øyer, au sud de la Norvège, lorsque le pont de Tretten s’est effondré sous le poids d’un camion qui le traversait. Heureusement, aucun blessé n’a été à déplorer, même s’il a fallu secourir le conducteur du poids lourd ainsi que celui d’une voiture. L’accident s’est produit en août 2022, exactement 10 ans après l’inauguration de cet ouvrage en bois lamellé-collé et métal. Les conclusions de l’enquête menée par l’Autorité norvégienne d’enquête sur la sécurité (NSIA) n’ont été rendues publiques que récemment, mettant en lumière les failles qui ont conduit à ce drame.
Selon le rapport de l’NSIA, l’insuffisance de prudence lors de la planification, de la conception, de l’inspection et de l’approbation du pont de Tretten a été un facteur déterminant dans sa chute, en raison des risques liés à sa conception non conventionnelle. Le rapport dénonce également la focalisation excessive sur l’aspect esthétique de l’ouvrage, combinée au choix des matériaux et aux contraintes du projet qui ont conduit à la catastrophe.
Une des diagonales en bois du pont avait déjà montré des signes de faiblesse, fragilisée par le temps et finissant par se fracturer. À l’époque de sa conception, la réglementation norvégienne en matière de construction était en pleine transition vers des codes européens, et les normes nationales en vigueur ne prenaient pas en compte les risques de rupture par cisaillement qui ont finalement causé l’effondrement du pont.
Un autre pont de même conception, le Perkolo Bridge, s’était déjà effondré en 2016, malgré les estimations des concepteurs sur sa durée de vie. Le cabinet Plan Arkitekter et la société d’ingénierie Norconsult, en charge du projet, ont pointé du doigt les réglementations déficientes de l’époque. L’architecte Yngve Aartun explique que l’esthétique n’a pas été un critère déterminant dans la prise de décision concernant la structure du pont.
Suite à cet accident, 4 ponts similaires à celui de Tretten vont être reconstruits, tandis que 9 autres sont toujours fermés ou en accès restreint par mesure de sécurité. Les autorités norvégiennes prennent désormais des mesures strictes pour éviter que de tels événements ne se reproduisent, mettant l’accent sur la sécurité et la fiabilité des infrastructures publiques.