Le 14 avril 2014, les membres de Boko Haram ont kidnappé 276 étudiantes dans une ville du nord-est du Nigéria. Mais que s’est-il passé pour ce groupe djihadiste fondé en 2002 ?
« Si j’entends des pas à ma porte, je pense toujours que c’est ma fille qui revient. » Ces mots poignants de Mary Shettima reflètent le quotidien des parents de Chibok, dont les enfants ont été enlevés il y a 10 ans dans leur lycée. Sur les 276 jeunes filles enlevées, près de 150 ont été libérées ou ont réussi à s’échapper. Selon les informations de 2018 fournies par Ahmad Salkida, journaliste nigérian ayant participé à des négociations avec Boko Haram, les autres filles sont décédées ou restent toujours détenues.
Cependant, les chiffres peuvent être manipulés par les autorités nigérianes, met en garde Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement. Certaines des filles de Chibok encore avec le groupe ne peuvent pas rentrer chez elles de peur d’être stigmatisées. À l’origine, les combattants ne prévoyaient pas un tel enlèvement, mais visaient à saisir des provisions qui auraient été laissées dans un poste militaire à proximité.
Mais pour le gouvernement nigérian, en quête de crédibilité auprès de sa population, l’accent est mis sur le récit d’un pouvoir capable de garantir la sécurité. L’armée nigériane met en avant ses victoires sur les terroristes, mais les combats entre les différentes factions du groupe font plus de victimes que les affrontements avec l’armée. La mouvance Boko Haram est aujourd’hui gangrenée par la peur et la suspicion.
Boko Haram est décrit comme une « bande de mauvais garçons » se battant pour des motifs souvent criminels, loin des idéaux islamiques des djihadistes. Le groupe ne se revendique pas lui-même sous le nom de Boko Haram, une dénomination provenant des médias locaux. Scission en plusieurs factions depuis l’allégeance de certains membres à l’État islamique en 2015. Des affrontements internes ont éclaté entre les différentes parties. Des rumeurs entourent la mort d’Abubakar Shekau, chef historique de Boko Haram, dont le décès en 2021 reste incertain.
Les combattants restants du groupe se sont rassemblés sous un nouveau chef, Bakura Doro, et se sont déplacés vers l’est et le nord de Borno, causant des dommages à l’Iswap selon une étude de l’ONG International Crisis Group. Malgré les affrontements entre factions, les populations locales restent exposées à la violence de ces groupes puissants comptant encore des milliers de combattants. Les civils des zones rurales demeurent vulnérables aux violences perpétrées par ces groupes terroristes.