Yaël Braun-Pivet a demandé au chef de l’État, sinon son autorisation, du moins un nihil obstat. MOHAMMED BADRA/AFP
CONTRE-POINT – La question est de savoir si Macron veut accrocher ou non une réforme institutionnelle à son bilan qui en reste à ce jour dépourvu.
Yaël Braun-Pivet s’est emparée du sujet, mais c’est pour Emmanuel Macron que l’enjeu est décisif. Pourra-t-il ou voudra-t-il achever sa présidence en faisant aboutir une de ses promesses institutionnelles initiales? En 2017, le candidat Macron avait fait de l’instauration d’une « dose » de proportionnelle pour l’élection des députés une des clés d’un regain de confiance des citoyens dans la vie politique. On s’en souvient: tout le château de cartes d’un vaste projet institutionnel s’était effondré sous les coups de l’affaire Benalla. Puis l’absence de majorité prévisible au Congrès a rendu impossible tout ce qui passait par une révision constitutionnelle.
Et enfin, l’Assemblée élue en 2022, sans majorité absolue et avec une présence un peu plus représentative de leur poids électoral du RN et de LFI, a semblé rendre moins urgente une introduction de la proportionnelle. La présidente de l’Assemblée nationale a décidé de son propre chef de remettre l’ouvrage sur le métier. Elle a procédé à une réflexion en profondeur sur la question, cherchant à s’assurer que le contexte politique actuel était propice à une telle réforme.
Il est clair que le Président s’est jusqu’ici montré réticent à avancer sur ce sujet sensible. La proportionnelle divise au sein même de sa majorité, avec des arguments parfois contradictoires. Certains voient en elle une opportunité de renforcer la démocratie et d’assurer une représentation plus juste des différents courants politiques, tandis que d’autres craignent qu’elle n’engendre une instabilité gouvernementale et parlementaire.
Néanmoins, l’enjeu est de taille pour Emmanuel Macron. Réussir à faire adopter la proportionnelle serait un signe fort de sa capacité à réformer en profondeur le système politique français. Cela marquerait également une rupture avec les pratiques passées et renforcerait sa légitimité auprès de l’opinion publique.
Il semble donc que le Président se retrouve à la croisée des chemins. D’un côté, il peut choisir de rester dans la continuité de ses prédécesseurs en évitant de toucher à la question de la proportionnelle. De l’autre, il peut décider de prendre le risque politique de défendre cette réforme, en espérant qu’elle contribuera à redonner confiance aux citoyens envers la classe politique.
Dans tous les cas, la décision finale appartiendra au Président Macron. Cette réforme institutionnelle pourrait bien être l’un des derniers défis majeurs de sa présidence. Attendons de voir quelle sera sa position sur ce sujet crucial pour l’avenir de la démocratie en France.