En un an, près de 900 cas humains de grippe aviaire ont été signalés dans 23 pays, dont la moitié sont décédés. Pour l’heure, il n’y a pas de preuve de transmission d’homme à homme.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait part de son «énorme inquiétude» jeudi face à la propagation croissante de la souche H5N1 de la grippe aviaire à de nouvelles espèces, y compris les humains.
Si le passage de l’influenza aviaire à des mammifères reste rare, la liste des espèces susceptibles d’être infectées s’est allongée depuis deux ans, en lien avec l’explosion des cas chez les oiseaux sauvages. H5N1 a ainsi été décelé chez des félins (chats ou tigres dans des zoos), des renards, des martres, des ours ou encore des mammifères marins – phoques et léopards des mers et, plus récemment, des vaches dans des élevages aux États-Unis. « La contamination survient en général chez ces animaux carnivores lorsqu’ils mangent un oiseau malade », a indiqué Jean-Luc Guérin, professeur de pathologie aviaire à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, au Lesoir.
Pour l’heure, aucun cas de transmission d’homme à homme n’a été rapporté. Il est possible de se faire infecter par contact avec des animaux morts ou vivants, même si cela reste rare. Entre le début de l’année 2023 et le 1er avril 2024, l’OMS a ainsi enregistré un total de 889 cas humains de grippe aviaire dans 23 pays, dont 463 décès, ce qui porte le taux de létalité à 52 %.
Ces cas de contaminations de l’animal à l’homme ne sont toutefois pas surprenants, selon l’OMS. «Chaque fois que des virus de la grippe aviaire circulent chez les oiseaux, il existe un risque d’infections sporadiques chez les mammifères et les humains en raison de l’exposition à des animaux infectés (y compris le bétail) ou à des environnements contaminés. Par conséquent, d’autres cas humains ne sont pas inattendus», écrit l’Organisation dans un rapport.
Depuis le mois de décembre 2023, cinq personnes ayant contracté le virus au contact de poulets malades ont par exemple été signalées au Cambodge. L’une d’elles, un enfant de 10 ans, est décédée. Plus récemment, début avril, les autorités américaines ont déclaré qu’un employé d’une ferme au Texas avait été testé positif à la grippe aviaire après avoir été au contact de vaches laitières. Le patient avait développé une conjonctive pour seul symptôme. Il a été isolé et traité avec un médicament antiviral utilisé pour la grippe et aucun de ses proches n’a été infecté.
Risque faible pour la population
Jeudi, Jeremy Farrar, scientifique en chef de l’OMS, a fait part de son inquiétude sur les capacités de ce virus au «taux de mortalité extraordinairement élevé» à s’adapter pour se transmettre d’homme à homme. Cependant, l’agence onusienne s’était montrée plus rassurante dans un récent rapport. «Étant donné que le virus n’a pas acquis de mutations facilitant la transmission entre humains et, sur la base des informations disponibles, l’OMS estime que le risque pour la santé publique que pose ce virus pour la population générale est faible», écrivaient ses experts. Ce qu’a récemment confirmé au Lesoir Jean-Luc Guérin, professeur de pathologie aviaire à l’École nationale vétérinaire de Toulouse : «À ce stade, les H5N1 appartenant à ce groupe génétique sont très peu adaptés à l’humain et le risque de transmission est mineur». Pour les travailleurs en contact avec des animaux, le risque individuel est logiquement plus élevé.
Pour l’heure, il n’existe pas de vaccin permettant de prévenir l’infection par les virus de la grippe aviaire. Quant aux vaccins déjà disponibles contre la grippe saisonnière, ils sont inefficaces contre eux. En revanche, le séquençage génétique suggère que les virus aviaires ont de bonnes chances d’être sensibles aux traitements antiviraux existants.