Un bon nombre de parents choisissent souvent de faire rater l’école à leurs enfants pour diverses raisons, que ce soit pour des économies, pour mieux s’adapter aux dates de vacances personnelles, ou simplement pour éviter les embouteillages. Mais que dit la loi à ce sujet?
Les valises sont prêtes, les billets de train sont réservés, le taxi est commandé. La petite Cécilia, âgée de deux ans et demi, s’apprête à partir en Sardaigne avec ses grands-parents pendant presque un mois pour rendre visite à une partie de leur famille vivant là-bas. Nous sommes en octobre, en dehors des vacances scolaires. « L’été est trop chaud là-bas. Nous préférons fêter Noël en France, donc l’idéal pour rendre visite à notre famille est entre les deux saisons », explique la mère de Cécilia, Marie-Christine. Comme ses parents se rendent justement en Sardaigne en octobre cette année pour aider ses oncles et tantes producteurs d’olives à récolter, elle décide d’envoyer sa fille avec eux. Cécilia ratera donc trois semaines de sa première année d’école maternelle.
Quant à Hugo, âgé de trois ans et demi, il manquera quinze jours de classe en décembre pour un voyage prévu par ses parents depuis longtemps. Deux semaines avant Noël, lui et toute sa famille s’envoleront pour le Cap Vert. « Cela nous permet de voyager tous les trois pendant deux semaines avec mon mari, puis de célébrer Noël avec notre famille élargie à notre retour », explique Giselle, la mère de Hugo. L’été dernier, Héloïse, âgée de cinq ans, élève de dernière année de maternelle, est partie dans les Alpes une semaine avant le début officiel des grandes vacances. Un départ anticipé qui permettait à sa tante de louer un chalet à Serre-Chevalier à un prix réduit. « C’était deux fois moins cher fin juin que début juillet », raconte Adrienne, sa mère. Au total, elle a manqué douze jours d’école.
Les parents de Cécilia, Hugo et Héloïse ne sont pas à leur premier coup d’essai. À plusieurs reprises, ils ont arrangé la situation avec l’établissement scolaire de leur enfant pour grappiller quelques jours de vacances en dehors des périodes officielles. Les motivations principales étant de faire des économies, de mieux s’adapter à la location, de correspondre davantage à leurs propres dates de vacances ou simplement pour plus de confort, afin d’éviter les embouteillages. Une tolérance qu’ils s’accordent car leurs enfants sont encore en maternelle. « Avant la primaire, il existe une sorte d’accord tacite entre les parents et les enseignants. Si les enfants manquent quelques jours d’école, ce n’est pas bien grave », relativise Marie-Christine. Dans la plupart des cas, un simple mot aux enseignants ou aux directeurs suffit. « Pour des périodes de plus d’une semaine, je préfère quand même en discuter avec eux de vive voix », ajoute Giselle.
Jean-Luc Aubert, psychologue spécialiste de l’enfant et de l’adolescent et créateur de la chaîne YouTube Questions de Psy, confirme que ce n’est pas très grave, surtout en maternelle, à condition que cela ne devienne pas une habitude. Après la famille, l’école est l’instance de socialisation la plus importante pour l’enfant, celle qui lui enseigne les règles de vie, qui définit ses droits et devoirs. Le faire rater l’école lui fait comprendre, dès son plus jeune âge, qu’il est possible de déroger aux règles de la société. Cela comporte également le risque de le désintéresser socialement et scolairement de l’institution. Ainsi, les escapades en dehors des vacances scolaires, oui, mais avec modération. « Il est préférable de lui expliquer la raison pour laquelle c’est exceptionnel pour cette fois, afin qu’il comprenne qu’il y a des motifs objectifs », théorise le psychologue.
Qu’en est-il de la loi à ce sujet? En théorie, faire manquer quelques jours de classe à son enfant pour un long week-end ensoleillé peut sembler tentant, mais c’est en pratique illégal. De la maternelle au collège, l’élève est tenu d’assister aux cours, sauf en cas de motif légitime (maladie, mariage, enterrement, accident…). Les parents s’engagent à cela en signant le règlement intérieur de l’établissement scolaire. « Il n’est pas possible d’envisager des vacances ‘à la carte’ qui perturberaient le fonctionnement des classes et nuiraient à la scolarité », précise le ministère de l’Éducation nationale.
L’article L131-10 du Code de l’éducation prévoit que les parents qui ne respectent pas l’obligation d’assiduité scolaire de leur enfant peuvent se voir infliger une amende administrative de 750 euros. Cette amende peut être prononcée par le juge des enfants après constatation de l’absentéisme scolaire. Et ce n’est pas tout. Si ces absences injustifiées compromettent l’éducation de votre enfant, vous risquez deux ans de prison et… 30 000 euros d’amende. Même si, dans les faits, ces amendes ne sont pratiquement jamais appliquées.
Ainsi, les dérogations aux vacances scolaires peuvent présenter des avantages, mais il est important de les aborder avec précaution, dans le respect de la loi et de l’intérêt de l’enfant.