Il aura fallu patienter plus longtemps que prévu, les retards causés par la crise sanitaire du Covid-19 rendant l’attente interminable… Mais enfin, les trois nouvelles gares du RER E viennent d’ouvrir leurs portes au public, prolongeant ainsi la ligne à l’ouest de la gare Haussman-Saint Lazare, avec les arrêts Neuilly-Porte Maillot, La Défense et Nanterre-La Folie. Cependant, ces nouvelles stations seront ouvertes uniquement de 10h à 16h en semaine et jusqu’à 20h le week-end jusqu’à la fin du mois de novembre, en attendant le déploiement complet des nouveaux trains. En ce qui concerne le reste de la ligne, qui devrait relier Mantes-la-Jolie (Yvelines), sa mise en service complète n’est prévue que pour 2026, deux ans plus tard que prévu initialement.
Malgré les délais et les attentes, il est important de reconnaître le caractère monumental et impressionnant de ces réalisations, en particulier des deux gares souterraines de Porte Maillot et La Défense. Un signe révélateur, des voyageurs parisiens ont été aperçus avec le sourire aux lèvres et le personnel de la SNCF n’a pas manqué de remercier l’architecte Jean-Marie Duthilleul, qui a conçu ces lieux avec son agence. En effet, il n’en est pas à son premier coup d’essai sur cette ligne du RER, puisqu’il avait déjà conçu les deux nouvelles gares du même tracé en 1999 : Haussmann-Saint Lazare et Magenta.
Faire entrer la lumière
Si on retrouve dans ces deux nouvelles gares certains éléments similaires à ceux utilisés en 1999, tels que les lustres et les revêtements en marbre blanc et bois, ce qui distingue ces nouvelles stations, c’est leur conception particulière. En effet, elles ne sont pas situées dans des tunnels mais ont été creusées depuis la surface : directement depuis le sol pour Porte Maillot et depuis le parking du CNIT pour La Défense. Résultat : des espaces beaucoup plus aérés et élancés pour ces deux réalisations monumentales. « Il était essentiel pour moi de faire entrer la lumière du jour dans ces espaces souterrains », explique Jean-Marie Duthilleul. Ce concept simple a cependant engendré quelques contraintes techniques.
À Neuilly-Porte Maillot, la gare se distingue par son bandeau vitré de 120 mètres de long et 10 mètres de large situé au-dessus des voies. « C’est le plus grand trottoir vitré de la capitale », s’amuse l’architecte. Pour assurer la sécurité, des plots ont été installés tout autour du bandeau vitré, suite aux événements tragiques survenus à Nice. De plus, des dispositifs de sécurité incendie ont dû être intégrés en l’absence d’une dalle de béton coupe-feu au-dessus des voies ferrées.
Du provisoire qui dure
La gare de La Défense-Grande Arche, quant à elle, se distingue par ses formes arrondies et ses lignes courbes. L’usage du marbre de Carrare blanc au sol et du bois sur les quais apporte une ambiance chaleureuse et contrastée avec le béton et le métal. Malgré les contraintes de sécurité incendie, l’architecte a réussi à imposer des lattes en bambou dans la conception des quais.
Dans cette seconde gare, on retrouve des volumes généreux et des colonnes de béton brut de grand diamètre qui soutiennent le CNIT situé au-dessus. Les formes arrondies se retrouvent également dans les murs des locaux techniques habillés de Corian. Enfin, un détail sympathique et ludique a été ajouté : un bandeau de métal ondulant en face des quais, créant du mouvement et de l’animation pour les voyageurs.