Le ministère de la Culture a annoncé que Rachida Dati devra restituer jeudi deux tableaux spoliés pendant l’Occupation aux ayants droit d’un galeriste juif, Grégoire Schusterman (1889-1976). Il s’agit des œuvres des célèbres peintres Auguste Renoir et Alfred Sisley. Les Cariatides de Renoir, peintes en 1909, représentent deux femmes nues dans un style art déco. Quant aux Péniches de Sisley, peintes en 1870, elles dépeignent un port normand avec des péniches amarrées.
Ces tableaux ont été considérés comme ayant été vendus de manière forcée par Grégoire Schusterman en raison des persécutions antisémites pendant la Seconde Guerre mondiale. La Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations a recommandé leur restitution à ses ayants droit. Après la guerre, les œuvres ont été retrouvées par les Alliés en Allemagne et rapatriées en France.
Depuis les années 1950, ces œuvres spoliées ont été confiées aux musées français, notamment au Louvre et au musée d’Orsay. Grâce à une mission spécialement créée par le ministère de la Culture en 2019, les recherches sur la provenance de ces œuvres ont été accélérées. Un processus complexe de restitution a été mis en place pour redonner ces biens aux descendants des propriétaires spoliés.
La Seconde Guerre mondiale a été marquée par le pillage méthodique des œuvres d’art appartenant aux juifs par les nazis, qui les ont souvent revendues ou intégrées dans des collections personnelles. En France occupée, ces oeuvres ont transité par le musée du Jeu de Paume à Paris avant d’être envoyées en Allemagne. Rose Valland, une attachée de conservation, a joué un rôle crucial en aidant à récupérer de nombreuses œuvres volées.
Grâce à ses efforts clandestins, environ 60 000 œuvres ont été renvoyées en France sur les 100 000 spoliées. La plupart ont pu être restituées à leurs propriétaires, mais un certain nombre reste non réclamé et est conservé temporairement par les musées nationaux. Depuis 1950, 188 œuvres spoliées ont été restituées aux ayants droit.
Une loi-cadre adoptée en 2023 a ouvert une dérogation au principe de l’inaliénabilité des œuvres d’art des musées pour les biens spoliés lors des persécutions antisémites entre 1933 et 1945. Cette loi permet désormais la restitution de ces œuvres spoliées au cas par cas, après avis d’une commission administrative.
En résumé, la restitution des tableaux spoliés par les nazis à Grégoire Schusterman marque une avancée significative dans la reconnaissance des injustices subies pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette histoire souligne l’importance de la mémoire collective et de la justice envers les victimes de spoliations artistiques.