Une recrudescence alarmante des comportements à risque chez les jeunes filles en France
Le dernier rapport de la Drees met en lumière une tendance inquiétante ces dernières années : la détérioration de la santé mentale des jeunes filles et jeunes femmes en France. En collaboration avec Santé publique France, ce rapport souligne une augmentation significative des tentatives de suicide et des automutilations chez les jeunes filles, avec une hausse particulièrement marquée en 2021 et 2022.
Les auteurs notent que les adolescentes et jeunes femmes sont une des populations les plus à risque en ce qui concerne les gestes auto-infligés tels que les tentatives de suicide, les scarifications, les brûlures ou les coups portés contre un mur. Les résultats des études menées sont particulièrement préoccupants, car ces gestes reflètent tous une souffrance psychique profonde.
Alors que la période entre 2008 et 2013 était marquée par une certaine stabilité, les chiffres ont explosé au cours des dernières années, avec une première phase de hausse modérée (2015-2019) suivie d’une augmentation plus marquée (2021-2022). Les taux d’hospitalisation en psychiatrie pour ces motifs ont considérablement augmenté chez les jeunes filles de différentes tranches d’âge, allant jusqu’à doubler en seulement deux ans. En revanche, cette tendance à la hausse n’est pas observée dans le reste de la population, où les hospitalisations pour gestes auto-infligés ont tendance à reculer, en particulier chez les patients âgés de 30 à 50 ans.
Les intoxications par prise de médicaments figurent parmi les gestes les plus fréquents observés lors des hospitalisations, suivies des coupures avec un objet tranchant. Cette nette augmentation des comportements à risque chez les jeunes filles contraste avec la stabilité observée chez les jeunes garçons et jeunes hommes, qui présentent des taux relativement bas et constants.
Plusieurs hypothèses sont avancées par les auteurs pour expliquer cette évolution, notamment la différence de manifestation de la souffrance psychique chez les garçons, qui peuvent adopter des comportements plus « externalisés » tels que la consommation de substances ou la violence. Cependant, les données hospitalières ne semblent pas confirmer cette hypothèse.
Le professeur de psychiatrie Fabrice Jollant souligne l’importance des facteurs sociaux et psychologiques dans ces comportements à risque chez les jeunes filles, en particulier lors de périodes de transition comme l’entrée au lycée. La violence subie et les questionnements identitaires peuvent également jouer un rôle crucial dans le passage à l’acte. En cas de pensées suicidaires, il est crucial de contacter les services d’urgence pour une prise en charge adaptée.
La précarité est également identifiée comme un facteur de risque majeur, avec une exposition accrue à la violence et des difficultés d’accès aux soins. Les personnes bénéficiant de la Couverture médicale universelle sont particulièrement touchées par ces comportements à risque, soulignant l’importance d’une prise en charge globale et adaptée.
En cas de besoin, n’hésitez pas à contacter le numéro national gratuit de soutien, ouvert 24h/24. La santé mentale des jeunes filles et jeunes femmes est un enjeu majeur de santé publique, nécessitant une attention particulière et des mesures adaptées pour prévenir ces comportements à risque.