Témoin de la crise en Nouvelle-Calédonie, Canberra affiche une neutralité qui contraste avec les tensions passées entre l’Australie et la France, souligne Denise Fisher, chercheuse renommée et ancienne consule d’Australie à Nouméa. Les relations entre les deux pays ont traversé des périodes difficiles, notamment durant les « événements » des années 1980, marquées par les mouvements de décolonisation dans le Pacifique et les essais nucléaires français dans la région.
Denise Fisher, experte au Centre for European Studies de l’Australian National University, a occupé le poste de consule d’Australie à Nouméa de 2001 à 2004 et est l’auteure de plusieurs ouvrages sur la politique et le pouvoir en Océanie, dont « France in the South Pacific: power and politics » publié en 2013.
Dans une interview exclusive accordée au Lesoir à Sydney, elle revient sur l’histoire complexe des relations entre l’Australie et la France, en mettant en lumière les enjeux politiques et géostratégiques qui ont marqué leur interaction dans la région.
Les tensions entre les deux pays ont notamment atteint un pic pendant les années 1980, marquées par les revendications indépendantistes en Nouvelle-Calédonie et les protestations contre les essais nucléaires français. En Australie, la société civile exprimait son mécontentement à travers des manifestations et des boycotts de produits français, reflétant une profonde opposition au maintien du colonialisme et à l’utilisation de la région pour des tests dangereux.
Malgré ces tensions passées, Denise Fisher souligne que Canberra adopte désormais une approche plus neutre et pragmatique dans le traitement de la crise en Nouvelle-Calédonie. L’intervention récente de la Royal Australian Air Force pour évacuer des touristes australiens en est un exemple, montrant une volonté de protéger ses citoyens tout en respectant les sensibilités locales.
L’expertise de Fisher sur la question reflète une profonde connaissance des enjeux politiques en Océanie, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les acteurs régionaux et internationaux. Sa perspective unique permet de mieux comprendre les dynamiques complexes entre l’Australie et la France, ainsi que les implications de la crise en Nouvelle-Calédonie sur la stabilité régionale.
En conclusion, Denise Fisher souligne l’importance d’une approche nuancée et équilibrée dans la gestion des relations en Océanie, appelant à un dialogue constructif et respectueux entre les parties impliquées. Sa contribution précieuse à la compréhension des enjeux politiques et diplomatiques dans la région en fait une voix incontournable pour décrypter les défis de la Nouvelle-Calédonie et de l’Océanie dans son ensemble.