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Des « actionnaires trublions » se sont récemment invités dans le capital de Rubis, un distributeur d’énergie spécialisé. Deux d’entre eux ont présenté des résolutions dissidentes qui seront discutées lors de l’Assemblée Générale du 11 juin prochain. Une excellente nouvelle pour les actionnaires minoritaires.
Il y a un peu plus de six ans, le 8 mai 2018 pour être précis, l’action Rubis a atteint son plus haut niveau historique à la Bourse de Paris, frôlant les 66 €. Depuis, la roue a tourné pour ce distributeur de produits principalement pétroliers, qui s’est récemment diversifié dans les énergies renouvelables. Le titre a chuté de plus de la moitié, tandis que le CAC 40 bat des records.
Alors, est-ce la fin du jeu ou une bonne affaire ? Il était déjà connu que deux investisseurs avaient opté pour la deuxième option, venant ainsi perturber un actionnariat jusque-là trop calme.
Le premier jour du printemps, le magnat breton des affaires Vincent Bolloré a fait son apparition avec un peu plus de 5% du capital via l’une de ses nombreuses holdings, Plantations des Terres Rouges, établie au Luxembourg. Le lendemain, Patrick Molis, le patron de la Compagnie Nationale de Navigation (CNN), a fait de même.
Mais ce n’est pas tout. Le 2 avril, un actionnaire présent au capital depuis 2006, l’homme d’affaires canadien Ronald Sämann, qui détient notamment un fabricant américain de désodorisants dont la marque Arbre Magique est une filiale, a lui aussi franchi le seuil des 5%. Comme ses prédécesseurs, il a acquis des actions sur le marché. En moins de 15 jours, trois actionnaires ont émergé ou renforcé leurs positions. L’Assemblée Générale (AG) de Rubis se tiendra le 11 juin prochain avenue de Wagram, à Paris. Le feu est sur le point de s’allumer !
Deux actionnaires se font entendre contre la direction
Deux d’entre eux ont exprimé leurs revendications en présentant des projets de résolution qui seront soumis au vote des actionnaires. Déplorant la faiblesse du cours de Bourse, Patrick Molis, le plus combatif, critique la gouvernance de Rubis et le statut de commandite qui confère aux associés gérants un pouvoir quasi absolu sur la direction, même s’ils ne détiennent guère plus de 2% du capital. Le dirigeant de la CNN propose sa candidature ainsi que celle de 3 autres personnes (dont le directeur de GTT, Philippe Berterottière) au conseil de surveillance, la révocation de trois membres actuels, dont le président, et de voter contre les propositions de la direction. Il souhaite également réduire de 10 à 8 le nombre de sièges du conseil. En somme, Patrick Molis exige une réorganisation plus significative que celle proposée par la direction.
De son côté, Ronald Sämann déplore le manque de prise en compte de la voix des actionnaires ces dernières années, et estime que l’acquisition de Photosol, un élément clé du virage « renouvelable » du groupe, a été trop coûteuse. Ambiance. Il rappelle qu’il a exprimé ces inquiétudes lors de l’AG de 2023 mais estime ne pas avoir été entendu. Il propose donc sa candidature au conseil de surveillance afin d’exercer un contrepoids à la direction.
Enfin, Vincent Bolloré, qui a récemment pris le contrôle de Lagardère, n’a pas proposé de résolution.
Rubis a répondu aux contestations. Concernant Patrick Molis, c’est un refus catégorique : sa démarche brutale, sans volonté de dialogue, est jugée hostile par le conseil de surveillance, qui recommande aux actionnaires de voter contre toutes les résolutions proposées.
En revanche, le groupe se montre favorable à la nomination de Ronald Sämann, saluant sa volonté de dialogue constructif et confirmant des échanges avec la direction. Rubis souhaite augmenter de 10 à 12 le nombre de sièges au conseil de surveillance en proposant, en plus de la candidature de M. Sämann, celle d’Isabelle Muller, ayant notamment une expérience chez TotalEnergies.
Notre conseil sur RUBIS : RENFORCER
Pour les actionnaires individuels, l’un des principaux enjeux – très attendu – de l’AG est évidemment le vote du dividende proposé (1,98 € par action pour Rubis). Cependant, pour le groupe, le débat se concentrera probablement, à l’initiative d’actionnaires contestataires voire activistes, sur des sujets plus fondamentaux : la gouvernance et la stratégie. Tous les ingrédients sont réunis pour une réunion mouvementée. D’autant plus que les dernières données du groupe, les ventes du premier trimestre divulguées le 7 mai, ont déçu le marché : ce jour-là, l’action Rubis a chuté de plus de 5% en séance. Un élément qui impacte les rapports de force. On se demande encore quelle sera l’attitude de Vincent Bolloré, jusque-là discret sur ses intentions : cet investissement n’est-il qu’une stratégie « passive » pour ce financier averti, qui connait bien les métiers et les pays où Rubis est actif ? A suivre. Peut-on espérer une remise en question du statut de commandite, structurellement défavorable aux actionnaires minoritaires ? Contre la volonté des associés commandités, dont Gilles Gobin, cela semble difficile. Néanmoins, la gouvernance du groupe évolue depuis plusieurs années dans une direction plus favorable aux minoritaires. L’accueil réservé à Ronald Sämann confirme cette tendance, qui va dans le bon sens à nos yeux. Il reste à voir combien d’actionnaires soutiendront les résolutions dissidentes, que nous approuvons. Enfin, Rubis demeure une société rentable avec un cours de Bourse relativement bas, offrant un rendement futur supérieur à 6%. Nous relevons notre objectif de 39 à 41 €. Il est donc conseillé de renforcer pour ces raisons.
Cours à date : 32,08 €
Objectif de cours : 41 € soit un potentiel de + 27,8%
Profil investisseur : amateur de rendement, PEA
Horizon d’investissement : 24 mois
Le Groupe Lesoir, dont Particulier et Finances Éditions qui édite La lettre des placements, est une filiale détenue à plus de 95% par Dassault Médias. Par ailleurs, le Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD) est actionnaire de longue date de Rubis à hauteur de 5,71%.
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