Pour la première fois, des chercheurs français ont réussi à estimer l’impact de la pollution à l’ozone sur la mortalité en Europe, en différenciant les sources nationales des sources importées. L’ozone, un polluant atmosphérique formé par des réactions chimiques dans l’atmosphère, est responsable de plus de 114 000 décès entre 2015 et 2017 en Europe. Environ 80% de ces décès sont attribués à des sources étrangères d’ozone, provenant de pays voisins ou même plus éloignés. C’est ce que révèle une étude menée par l’Inserm, l’Institut de Barcelone pour la santé mondiale (ISGlobal) et le Centre national de calcul intensif (BSC-CNS), publiée dans la revue Nature Medicine.
L’ozone, un ennemi pour nos poumons, se forme à partir de l’interaction entre les oxydes d’azote et les composés organiques volatils dans l’atmosphère. Si une partie de l’ozone est d’origine naturelle, une grande quantité provient des activités humaines, telles que l’industrie et les transports. La pollution à l’ozone peut provoquer des problèmes respiratoires, en affaiblissant la fonction pulmonaire et en favorisant les maladies respiratoires telles que l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive. Les personnes âgées sont les plus exposées aux effets néfastes de ce polluant atmosphérique.
Selon les chercheurs, il était nécessaire de déterminer l’impact de la pollution à l’ozone importée sur la mortalité en Europe. En analysant les données de 35 pays européens entre 2015 et 2017, ils ont constaté que seuls 12% des décès liés à l’ozone étaient dus à une production nationale, tandis que 89% étaient attribuables à des sources étrangères. Ces sources incluaient de l’ozone provenant d’autres pays européens, d’ailleurs ou même du transport maritime. Avec une durée de vie plus longue que d’autres polluants, l’ozone peut facilement se propager au-delà des frontières nationales.
Les résultats de l’étude ont révélé que la France et l’Allemagne, parmi les pays les plus industrialisés d’Europe, étaient parmi les plus gros producteurs d’ozone. Les émissions d’ozone en France ont eu un impact négatif important sur les pays voisins tels que le Luxembourg, la Suisse, la Belgique ou l’Espagne. Ces conclusions soulignent l’importance d’une approche internationale pour gérer la pollution à l’ozone, tout en rappelant l’importance des initiatives locales pour réduire les émissions de ce polluant.
Face aux défis posés par la pollution à l’ozone et le changement climatique, il est essentiel de mettre en place des politiques efficaces pour protéger la santé des populations européennes. Les chercheurs soulignent que des actions locales et nationales peuvent contribuer à réduire les effets néfastes de l’ozone, tout en appelant à une collaboration internationale pour lutter contre ce problème de santé publique. À l’heure où les vagues de chaleur et les pics de pollution se multiplient, il est urgent d’agir pour préserver la qualité de l’air et la santé des générations futures.