ANALYSE – Selon une étude menée par l’Institut des politiques publiques, les eurodéputés recourent de plus en plus à un langage chargé d’émotion, une caractéristique traditionnelle des partis populistes.
Les débats au Parlement européen ne seraient-ils que des discussions techniques, chiffrées, voire ennuyeuses ? C’est la question à laquelle l’Institut des politiques publiques (IPP) a tenté de répondre – un centre de recherche en économie lié à la Paris School of Economics et au Groupe des écoles nationales d’économie et de statistique – dans une note publiée ce mercredi 5 juin. Pour ce faire, l’IPP a examiné et analysé pas moins de 686 439 interventions orales et questions écrites au Parlement européen entre juillet 1999 et octobre 2022.
Le but ? Établir – ou non – un lien entre l’utilisation de l’émotion dans la rhétorique des députés européens et l’apparition et la montée en puissance à Strasbourg des partis dits « populistes », définis dans l’étude comme ayant une idéologie basée sur une vision binaire du conflit politique. En d’autres termes, deux groupes aux intérêts opposés s’affrontent : le « peuple pur » et les « élites corrompues ». Il semble alors que « la tonalité des débats…
Dans cette étude, l’IPP met en lumière une tendance inquiétante qui se dessine au sein du Parlement européen. Les eurodéputés, loin de se limiter à des discussions factuelles et techniques, semblent de plus en plus recourir à un langage émotionnel et passionné, qui rappelle fortement celui des partis populistes. Il s’agit là d’une évolution notable et préoccupante, surtout dans un contexte où la montée en puissance des mouvements populistes en Europe suscite de nombreuses interrogations.
Mais quels sont les enjeux réels derrière l’utilisation croissante de l’émotion par les eurodéputés ? Est-ce une stratégie délibérée pour attirer l’attention des électeurs, ou bien une simple évolution naturelle du débat politique ? Ces questions méritent d’être approfondies afin de mieux comprendre les dynamiques en jeu au sein du Parlement européen.