Il se positionne comme l’un des décorateurs et designers les plus prometteurs de la nouvelle génération de Milan. Aujourd’hui, il signe une collection résolument structurée, poétique et intemporelle, influencée par les années 1970.
Pendant le confinement, Hannes Peer a publié, dans ses moments de temps libre, sur son compte Instagram, une série d’images d’architectures utopiques vintage d’une beauté, d’une inventivité et d’une fantaisie captivantes. Cette démarche en dit long sur sa personnalité. Architecte, décorateur et designer d’origine italienne mais autrichienne, Hannes Peer crée des espaces dont la dynamique découle de la confrontation d’éléments stylistiques tranchés, alliant radicalisme et gestes décoratifs.
Après avoir obtenu son diplôme de l’École polytechnique de Milan, suivi d’une expérience formatrice chez Rem Koolhaas à Rotterdam et divers stages dans différentes agences milanaises, Hannes Peer a ouvert son propre cabinet à Milan en 2008. Il a commencé par concevoir des boutiques pour des marques italiennes, des concept stores en Asie, mais c’est à travers la réalisation d’appartements milanais à l’esthétique hybride, mêlant éléments de béton brut et papiers peints fleuris, qu’il s’est fait remarquer. « Je cherche toujours à créer un dialogue entre le passé et le présent, allant parfois jusqu’à imaginer de faux éléments historiques pour semer le trouble », assure-t-il. De ces dissonances naît une dynamique formelle.
Sa renommée prend de l’ampleur lorsqu’en 2009, il participe à l’exposition « AD Intérieurs », organisée à l’époque par le magazine de décoration. Il met en scène, au rez-de-chaussée d’un hôtel particulier parisien du Marais, un décor en trois actes évoluant successivement de la galerie d’exposition à l’antichambre pour aboutir à un salon. Un décor où des bustes antiques se mêlent aux meubles des maestros du design transalpin, une sorte d’hommage à l’Italie, permettant également de découvrir les créations de mobilier autoédité du jeune homme telles que des consoles en arcades, sortes de micro-architectures. « Je conçois mes objets avec la même logique que mes espaces, comme des constructions autonomes. » Suivront des éditions de pièces avec différents éditeurs indépendants, comme La Chance, des luminaires avec 6: AM Glassworks. Il entame aujourd’hui une collaboration fructueuse avec Minotti, géant du meuble italien, avec dix créations inédites : un canapé modulaire aux lignes anguleuses, un fauteuil tripode, une table en marbre sculpturale, ou encore un spectaculaire paravent. Des pièces intemporelles, imprégnées des influences des années 70. « Les années 1950, 1960 et 1970, marquées par la confiance en l’avenir, restent pour moi l’âge d’or du design. »
Son actualité comprend également de nouveaux sièges en cuir chez Baxter, des objets architecturaux pour le marbrier Van Den Weghe. Mais c’est à Rome, ce printemps, que l’on peut découvrir son chef-d’œuvre. Commandé dans le cadre de la rénovation des thermes de Caracalla, Hannes Peer y a conçu un bassin d’eau reflétant en miroir les ruines antiques. « Cette installation a été rendue possible grâce à la présence, dans la construction d’origine, d’un espace prévu pour les bassins de nage. Je renoue en quelque sorte avec les origines mêmes du bâtiment. » Tisser des liens entre le passé, le présent et le futur, telle est la démarche même de Hannes Peer.