Le réseau de mercenaires Wagner en Afrique n’est pas prêt de disparaître malgré son démantèlement suite à la mort de Prigojine en août 2023. Au contraire, les forces russes ont renforcé leur présence sur le continent africain. C’est du moins ce que révèle un rapport de l’Institut polonais des affaires étrangères (PISM) publié le 23 mai dernier.
Avant la disparition de Prigojine, la Russie menait une guerre d’influence en Afrique à travers deux principaux canaux. D’une part, le groupe Wagner assurait la présence militaire russe en Afrique. D’autre part, l’agence de propagande Internet Research Agency (IRA) menait des opérations psychologiques visant à discréditer la France et l’Occident sur le continent. Ces deux organisations travaillaient de concert, l’une assurant la présence militaire tandis que l’autre se concentrait sur la guerre de l’information.
Aujourd’hui, avec la disparition du groupe de mercenaires et de l’IRA, ces organisations ont été remplacées respectivement par l’African Corps et l’African Initiative. Viktor Lukovenko est le nouveau visage de l’influence russe en Afrique, contrôlant l’African Initiative sous la direction de Moscou. Selon une étude du Centre d’Études stratégiques de l’Afrique parue en avril 2024, les campagnes de désinformation visant à influencer les pays africains ont quadruplé en l’espace de deux ans, perturbant les équilibres sociaux et encourageant des régimes antidémocratiques.
La Russie, aux côtés de la Chine, des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et du Qatar, mène plus de la moitié des campagnes de désinformation en Afrique, relayant des informations fausses destinées à semer la discorde et à favoriser son propre agenda. Ces campagnes ont des conséquences jusqu’à engendrer des violences meurtrières et des coups d’État militaires, portant préjudice aux pays ciblés et au continent dans son ensemble.
L’African Initiative s’inscrit dans cette guerre d’influence en cherchant à attiser les tensions et la méfiance envers l’Occident en se basant sur des souvenirs coloniaux douloureux. Elle utilise des journalistes et des blogueurs africains pour relayer ses actions et multiplier son impact. Les thématiques abordées concernent principalement les initiatives sanitaires occidentales en Afrique, propagées à travers des informations conspirationnistes visant à discréditer l’industrie pharmaceutique et à semer la méfiance.
Les plateformes internet telles que afrinz.ru, VKontakte et Telegram sont les principaux canaux utilisés par l’African Initiative pour diffuser sa propagande. Les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans cette stratégie, exacerbant les divisions sociales et faussant le discours national pour influencer les décisions des populations locales.
En somme, malgré la disparition du groupe Wagner, l’influence russe en Afrique est plus présente que jamais à travers l’African Initiative. Cette organisation continue de semer la désinformation et d’alimenter les tensions pour favoriser les intérêts de Moscou au détriment de la stabilité du continent africain.