REPORTAGE – L’exploitation du cobalt en RDC, une aubaine au goût amer
Depuis l’avènement de la voiture électrique, l’industrie automobile a un besoin crucial de cobalt, essentiel à la fabrication des batteries. Environ 75 % de la production mondiale de ce minerai provient du sous-sol de Kolwezi. Pourtant, cette richesse n’a pas profité aux mineurs congolais, victimes d’un système de négoce opaque et injuste.
Assis sur un fauteuil de jardin bleu, à l’ombre d’un arbre, un vieil homme contemple le trou béant devant lui. À ses pieds, deux jeunes hommes creusent sous un soleil brûlant. L’un manie la pioche, l’autre attaque la roche avec un burin. Quand ce dernier arrête de frapper, il fouille les gravats à la recherche de traces de cobalt. Il y a quelques semaines, à la place de ce trou, se tenait la maison de l’octogénaire. Un tas de briques rouges témoigne de la destruction de sa demeure.
Cette scène se déroule au cœur de la Cité Gécamines, à Kolwezi en RDC. Geneviève, la fille du propriétaire, observe le travail des jeunes hommes et raconte avec amertume : « La maison de mon père commençait à se fissurer… »
L’exploitation du cobalt en RDC, source de richesse pour les entreprises étrangères mais de misère pour les habitants locaux, soulève de vives polémiques. Les mineurs congolais, travaillant dans des conditions difficiles et sans protection, voient les profits de leur labeur leur échapper.
La ville de Kolwezi, au cœur de cette activité minière, est le reflet des inégalités criantes entre les multinationales qui exploitent les ressources naturelles et les populations locales. Les habitants, majoritairement pauvres, vivent dans des conditions précaires malgré la richesse minière qui les entoure.
Face à l’exploitation abusive et l’absence de régulation, de nombreux habitants se mobilisent pour revendiquer leurs droits et une répartition plus équitable des richesses générées par l’extraction minière. Les autorités congolaises, sous pression internationale, tentent de mettre en place des réformes pour encadrer cette activité et protéger les droits des travailleurs.
Malgré ces efforts, le cobalt congolais continue d’alimenter les batteries des voitures électriques du monde entier, laissant derrière lui un goût amer d’injustice et d’exploitation. Les populations locales restent à la merci des multinationales et du négoce opaque qui ne garantit ni le respect de l’environnement, ni la juste rémunération des travailleurs.
La question de l’exploitation minière en RDC se pose donc avec acuité, la nécessité de protéger les droits des populations locales et de réguler cette activité devenue essentielle pour l’industrie mondiale. Les défis sont nombreux, mais la volonté de changement et de justice commence à se faire entendre dans les rues de Kolwezi et au-delà.