Un fonds d’infrastructures Infranity, créé il y a six ans par d’anciens de BlackRock, vient de franchir la barre des 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion, se positionnant ainsi en deuxième place sur le Vieux continent juste derrière Axa IM.
Comparativement à d’autres acteurs majeurs européens tels que AXA IM, Allianz Global Investor ou Edmond de Rostchild, fondés au siècle dernier, le fonds d’infrastructure Infranity, fondé en 2018, attire l’attention en tant que nouveau venu. Avec une équipe d’environ soixante personnes dans ses bureaux à Paris et Londres, l’investisseur annonce fièrement avoir dépassé le seuil symbolique des 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion. « Atteindre plus de 10 milliards d’euros d’actifs sous gestion en seulement 6 ans est un succès remarquable pour n’importe quel gestionnaire d’actifs », se réjouit Philippe Benaroya, directeur général de la société.
Fondé par Alban de La Selle, Philippe Benaroya et Gilles Lengaigne, tous ayant une expérience chez le géant américain BlackRock, Infranity a débuté son activité avec les capitaux de l’assureur Generali (le fonds était alors connu sous le nom de Generali Global Infrastructure jusqu’en 2022), dont il est désormais une filiale. Le fonds a diversifié progressivement ses apports sur 15 fonds et gère désormais des actifs pour le compte de divers investisseurs institutionnels, principalement européens. Se positionnant comme le deuxième fonds européen derrière Axa IM, Infranity se concentre sur les deux grandes transformations auxquelles les entreprises et l’économie sont confrontées : la transition verte et la transformation numérique.
« Nous investissons environ un tiers de nos capitaux dans la transformation numérique, un autre tiers dans les énergies renouvelables et la mobilité verte, et le dernier tiers dans les services environnementaux liés à l’eau et aux déchets (utilitaires) », déclare Gilles Lengaigne, l’un des cofondateurs. Initialement axé sur les sujets « verts », le fonds a vu ses opportunités exploser ces dernières années, notamment dans le secteur des télécommunications. « Nous avons beaucoup investi dans le très haut débit en France et en Europe à travers la fibre optique, mais aussi dans les tours mobiles télécoms », poursuit Gilles Lengaigne.
Le secteur des tours mobiles a été particulièrement actif entre 2020 et 2023. Pour générer de la liquidité, de nombreux opérateurs ont cédé une partie de leurs infrastructures mobiles à ces fonds. Bien que le rythme des fusions-acquisitions ait ralenti depuis, Infranity continue d’accompagner les investissements des « towerco ».
Le fonds d’infrastructures estime également que l’accélération du déploiement de la fibre optique en Europe, ainsi qu’aux États-Unis où il est encore balbutiant, offrira de nouvelles opportunités. Infranity se positionne également sur le secteur en pleine croissance des data centers. « Jusqu’à présent, nous avions investi principalement dans des projets d’hyperscalers tels que Amazon, Google ou Microsoft, mais nous nous positionnons désormais également sur le marché de l’informatique périphérique (des data centers locaux au plus près de l’utilisation des données), comme en témoigne notre participation au capital d’Etix », ajoute Gilles Lengaigne.
Des sujets qui, selon le fonds, convergent avec la transition énergétique au cœur de son activité initiale. « Nous avons de fortes convictions dans le domaine du numérique. Nous investissons dans la fibre, qui est moins énergivore que le cuivre. Pour les data centers, nous sommes très sélectifs en ce qui concerne l’empreinte carbone, la consommation d’eau et l’approvisionnement en électricité verte », remarque le dirigeant. Le fonds capitalise sur l’expertise acquise dans les énergies renouvelables, notamment à travers ses investissements dans Terre et Lac (solaire photovoltaïque en Paca, Occitanie, Nouvelle Aquitaine) et IEL (éolien et solaire photovoltaïque dans le Grand Ouest).
En outre, le fonds affirme avoir réussi à maintenir sa croissance et à attirer des retours attrayants pour ses investisseurs institutionnels malgré la hausse des taux d’intérêt. Au total, les investissements ont diminué de 15 % par rapport à 2022 sur l’ensemble de l’année 2023, selon un rapport de France Invest. « Une part importante de nos financements est basée sur de la dette à taux variable, ce qui a pu être plus rémunérateur grâce à la hausse des taux », assure Gilles Lengaigne. En plus des fonds de dette, le gestionnaire investit également depuis trois ans dans des sociétés de taille moyenne en capital-investissement. « Le marché des fusions-acquisitions est en train de repartir, mais en réalité, de nombreuses sociétés de nos portefeuilles dans les énergies renouvelables ou les data centers ont grandi sans recourir à ce type d’opérations. Elles ont besoin de capitaux, c’est pourquoi nous n’avons pas connu de baisse d’activité », conclut le dirigeant.