Une récente étude menée auprès de nombreux enfants français met en lumière un biais de prescription dans le traitement du trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Ce constat est également valable pour les séances d’orthophonie.
Les traitements à base de méthylphénidate (Ritaline et ses génériques) qui sont utilisés pour traiter le TDAH sont plus souvent prescrits aux enfants nés en fin d’année par rapport à leurs camarades de classe nés en début d’année, révèle une vaste étude. Ce phénomène est également observé en ce qui concerne les séances d’orthophonie.
L’étude menée par le groupement Epi-Phare, qui regroupe l’Agence du médicament (ANSM) et l’Assurance maladie, a suivi une cohorte de plus de 4 millions d’enfants âgés de 5 à 10 ans, nés entre 2010 et 2016, pour parvenir à ces conclusions.
En analysant les données, les chercheurs ont constaté que les enfants nés en décembre ont 55% de risque supplémentaire de commencer un traitement par méthylphénidate et 64% de risque supplémentaire de bénéficier de séances d’orthophonie par rapport à ceux nés en janvier de la même année. Ce risque augmente avec la différence d’âge : par exemple, les enfants nés en juillet ont 29% de risque supplémentaire de recevoir un traitement par méthylphénidate par rapport à ceux nés en janvier.
Des explications possibles
Pour expliquer ces disparités, les chercheurs avancent plusieurs hypothèses. Les enfants les plus jeunes d’une classe pourraient être confrontés à des attentes scolaires trop élevées pour leur âge, ce qui pourrait entraîner des diagnostics erronés de TDAH ou de troubles des apprentissages. À l’inverse, les élèves plus âgés qui parviennent à compenser leurs difficultés par une plus grande maturité pourraient être sous-diagnostiqués.
Les auteurs de l’étude soulignent que ces résultats devraient mener à des recommandations pour une meilleure prise en charge du TDAH. Il est notamment suggéré de ne pas imposer des attentes scolaires trop élevées aux enfants de jeunes classes, et de prendre en considération le mois de naissance en cas de prescription de Ritaline ou d’orthophonie.
Ce travail sera examiné par la Haute autorité de Santé en vue d’émettre de nouvelles recommandations dans la prise en charge du TDAH. Il souligne l’importance d’une évaluation équitable et adaptée pour tous les enfants concernés par ce trouble.