Installé dans la région de l’Essonne, ce supercalculateur public est baptisé en l’honneur d’une figure méconnue de l’histoire de l’informatique, Alice Recoque, qui a marqué les années 1970 par la conception du célèbre ordinateur Mitra 15.
Il est essentiel de rappeler la contribution de ces femmes oubliées par l’histoire. D’ici la fin de l’année 2025, la France accueillera sur son sol un nouveau supercalculateur dédié à la recherche, doté d’une capacité de calcul de plus d’un milliard de milliards de calculs par seconde, soit 1 Exaflop/s. Cette puissance de calcul permettra de mener des recherches avancées, telles que le développement de nouveaux médicaments ou la compréhension des phénomènes climatiques, en analysant de vastes volumes de données provenant d’instruments scientifiques tels que les satellites ou les microscopes.
Ce supercalculateur, installé au Très Grand Centre de Calcul du CEA à Bruyères-le-Châtel (Essonne), est financé par EuroHPC, une entreprise commune européenne, ainsi que par les gouvernements français et néerlandais. En choisissant de le nommer Alice Recoque, les autorités publiques souhaitent mettre en avant le travail et l’héritage de cette pionnière de l’informatique française.
Marion Carré, co-fondatrice de la start-up Ask Mona et auteure d’une biographie sur Alice Recoque, se réjouit de cette initiative. Pour elle, chaque geste compte pour faire perdurer la mémoire de ces femmes oubliées, dont la contribution au progrès scientifique est indéniable. Alice Recoque, décédée en 2021, a joué un rôle majeur dans la conception des premiers mini-ordinateurs.
Née en Algérie en 1929, Alice Recoque a débuté sa carrière dans l’informatique à une époque où le terme « ordinateur » n’existait pas encore. Diplômée de l’ESPCI, elle a rejoint la SEA, société conceptrice des premiers ordinateurs français, où elle s’est spécialisée dans la mémoire des ordinateurs, contribuant ainsi à leur miniaturisation. Alice Recoque a dirigé le développement du Mitra 15, un mini-ordinateur créé dans le cadre du plan Calcul initié par le général de Gaulle pour assurer l’indépendance informatique de la France.
Le choix de nommer ce supercalculateur en l’honneur d’Alice Recoque vise à inspirer et à encourager de nouvelles générations de femmes scientifiques et informaticiennes, dans un contexte où la parité dans le domaine de la tech reste un défi à relever. Cette démarche permettra de mettre en lumière le travail visionnaire d’Alice Recoque, surtout dans le domaine émergent de l’intelligence artificielle.
Avant-gardiste, Alice Recoque avait déjà perçu l’importance des technologies « apprenantes » dès les années 1980. À la tête de la mission IA chez Bull en 1985, elle a contribué au développement d’outils de génération de textes ou de traduction automatique, bien avant l’essor actuel de ces technologies. Par son engagement éthique, Alice Recoque a également souligné l’importance de contrôler ces innovations pour éviter tout dérapage.
La réhabilitation de la mémoire d’Alice Recoque à travers ce supercalculateur est une première étape, mais Marion Carré rappelle qu’il y a de nombreuses autres femmes pionnières dans l’ombre, dont le travail mérite également d’être mis en lumière. L’inauguration de ce supercalculateur ouvre ainsi la voie à une reconnaissance plus large du rôle des femmes dans l’histoire de l’informatique.