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Grâce aux règlements européens, il n’est souvent pas nécessaire de racheter un nouveau billet si vous manquez une correspondance aérienne ou ferroviaire. Mais certaines règles doivent être respectées pour bénéficier d’une assistance ou d’une compensation.
«Je ne choisis jamais de vol avec escale, je préfère payer plus cher pour un vol direct et m’assurer d’arriver à destination», confie Aurélie Bedros, étudiante de 23 ans. Pourtant, elle le reconnaît elle-même : les trajets avec plusieurs étapes coûtent souvent moins cher. Mais elle partage la hantise de nombreux voyageurs, celle de rater sa correspondance. Une situation qui, au mieux, vous fait arriver à destination avec quelques heures de retard ou, au pire, ruine tout un itinéraire minutieusement préparé.
En avion ou en train, les voyageurs européens bénéficient de droits souvent méconnus et pourtant très protecteurs. Bien souvent, une rupture de correspondance n’engendre aucun frais supplémentaire et peut même donner droit à une indemnisation, mais tout dépend de la manière dont les billets ont été réservés. Le Lesoir vous aide à y voir plus clair.
Vous voyagez en avion…
En cas de correspondance ratée sur une même réservation, la compagnie aérienne peut indemniser jusqu’à 600€ les passagers.
«À partir du moment où une compagnie aérienne a vendu un billet d’avion avec plusieurs tronçons, elle a l’obligation de prendre en charge jusqu’à la destination finale», déclare Yves Removille, avocat spécialisé en droit du tourisme et des transports. Selon le règlement européen sur le droit des passagers aériens n°261/2004, si un deuxième vol est raté à cause du retard du premier, la compagnie aérienne est dans l’obligation de prendre en charge les passagers. Plusieurs solutions sont proposées, comme une indemnisation financière à partir de trois heures de retard à l’arrivée à la destination finale. Elle est comprise entre 250 € pour les vols de moins de 1500 km et 600 € au-delà de 3500 km (voir conditions sur le site du gouvernement). Cette gratification n’est pas due si les passagers atterrissent à l’heure.
Un replacement sur un autre vol vers la destination initiale est aussi possible, mais les délais peuvent s’allonger. «C’est toujours compliqué à organiser, surtout en été, car les avions sont complets longtemps à l’avance», nuance Yves Removille. Dans ce cas-là, les gratifications sont réduites de moitié si le nouveau vol arrive à la même heure que le vol initial à la destination finale. Lors d’un retard de cinq heures au moins, le passager a le droit de renoncer à son voyage, de se faire rembourser la totalité de son billet d’avion (même les vols non effectués) ou de réclamer un réacheminement sans frais vers son aéroport d’origine. La compagnie se doit de fournir une assistance et rembourser les frais nécessaires engagés : restauration, téléphone, nuit d’hôtel, transport depuis l’aéroport jusqu’au lieu d’hébergement, etc.
… et avez acheté vos billets séparément
Si les vols ne figurent pas sous le même numéro de réservation, la compagnie aérienne ne sera pas tenue responsable en cas de retard entraînant une rupture de correspondance. Il est alors impossible de réclamer un remboursement ou un réacheminement. Seul le retard du premier vol (s’il est supérieur à trois heures) peut donner droit à une indemnisation.
L’unique exception ? «Si le passager passe par une agence de voyages et achète un forfait tout inclus (hôtel, vols, activités, etc.), c’est le seul cas où l’agence pourra le rembourser et le prendre en charge», assure Jean-Pierre Mas, Médiateur du Tourisme et du Voyage. De ce fait, il est recommandé de faire une seule et même réservation lorsqu’on prend plusieurs vols, ou bien de souscrire une assurance supplémentaire. «Attention aussi à bien prévoir au moins trois heures de délai pour les correspondances, afin de prévoir le retard et le passage des contrôles de sécurité», recommande Jean-Pierre Mas.
Vous voyagez en train…
Lorsqu’un voyage incluant une correspondance (par exemple entre TGV inOui et TER) est réservé dans le cadre d’un paiement unique, vous êtes autorisé à emprunter le train suivant sans frais supplémentaire.
… et avez effectué une seule réservation («billet unique»)
En cas de TER raté à cause d’un TGV inOui en retard (ou inversement), vous êtes placé sans frais dans le prochain train disponible «ou à une date ultérieure à votre convenance», indique SNCF Voyageurs, à condition de disposer d’un «billet direct». Celui-ci désigne un ou plusieurs billets achetés dans le cadre d’un paiement unique. Il «garantit au voyageur une assistance en cas de rupture de correspondance. Il permet également d’obtenir une compensation sur la base de l’heure d’arrivée à destination finale et sur le prix total du billet», comme le prévoit le règlement européen n° 2021/782 sur les droits et obligations des voyageurs ferroviaires.
Les correspondances couvertes doivent être effectuées entre TGV inOui, Ouigo, Intercités et TER et les services internationaux (France-Allemagne, France-Suisse…) assurés par SNCF Voyageurs. Pour bénéficier de cette assistance sur un Grenoble-Paris avec un changement, par exemple, il vaut mieux acheter un billet de bout en bout plutôt que deux billets séparés (Lyon-Grenoble en TER et un Paris-Lyon en TGV).
Si le départ du train de report ne peut avoir lieu que le lendemain, les repas, collations et boissons sont pris en charge, de même que la nuit d’hébergement. La demande de remboursement se fait sur un site dédié. Enfin, si vous renoncez finalement à poursuivre votre voyage en raison de la correspondance manquée, la SNCF propose le réacheminement sans frais vers la gare de départ et le remboursement intégral du voyage, à la fois des trajets utilisés et inutilisés.
… et avez acheté vos billets séparément
Le principe est le même que dans l’aérien : quand les billets sont achetés dans le cadre de réservations différentes, les contrats de voyage ne sont pas liés. Si le train 1 vous fait rater le train 2, l’opérateur qui assure le train 2 n’est soumis à aucune obligation à votre égard. Vous pourrez, au mieux, obtenir une compensation au titre du retard du train 1. Si le billet n’est pas flexible, la solution est malheureusement d’en racheter un nouveau.
Pour les trajets internationaux, les règles sont différentes grâce à l’Accord sur la poursuite du voyage (Agreement on Journey Continuation, ou AJC) qui «couvre les cas où la législation européenne ou internationale en vigueur n’aide pas les passagers», indique la Communauté européenne du rail (CER) qui l’a mis en place. Même si vous disposez de billets réservés séparément et auprès de sites différents, vous pouvez emprunter le train suivant sans frais avec les 19 opérateurs participants (voir la liste), dont SNCF, DB et Renfe. Pour bénéficier de ce droit, il faut avoir prévu un délai de correspondance «raisonnable» entre deux trains. «Le ou les billets originaux ainsi que [la] confirmation [de retard ou d’annulation] doivent être présentés au personnel de l’entreprise ferroviaire dont le train a été manqué», ajoute la CER.
Autre dispositif à connaître : HOTNAT (Hop On The Next Available Train, ou «Montez dans le prochain train disponible»). Le service permet aux voyageurs en rupture de correspondance entre deux trains de l’alliance Railteam d’emprunter le prochain disponible au départ de la même gare, et ce même s’ils disposent de billets séparés. L’alliance regroupe Eurostar, NS, SNCB, les trains à grande vitesse de la DB (ICE), de la SNCF (TGV inOui) et d’ÖBB (Railjet), ainsi que le membre associé TGV Lyria.
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