C’est un exploit incroyable qui a vu le jour à la surprise de tous. « C’était un projet auquel personne ne croyait. Tout le monde nous disait que ça n’existerait jamais », s’émerveille Sretchko Markovic, architecte du Business Resort Paris Pleyel et de la restructuration de la tour Pleyel. Cet immeuble emblématique de bureaux, culminant à 130 mètres, est un repère dans le département de Seine-Saint-Denis (93) depuis sa construction en 1973. Personne n’aurait pu imaginer qu’un hôtel quatre étoiles serait un jour érigé à cet endroit.
Tout a débuté en décembre 2008, durant la crise des subprimes. La société Financière des Quatre Rives (FQR) a acquis, au nom de Pleyel Investissement, le premier étage de la tour à un prix attractif compte tenu du contexte économique. Par la suite, entre 2008 et 2015, la FQR a progressivement acquis l’ensemble des logements de la tour. Un travail de longue haleine, étant donné que la tour comptait 54 copropriétaires et 900 lots répartis sur 40 étages. La vision de la FQR s’est avérée perspicace : en plus d’être desservie par la ligne 13 (arrêt Carrefour Pleyel), la tour est désormais également accessible par la ligne 14 (arrêt Saint-Denis Pleyel) depuis lundi. De plus, avec les Jeux Olympiques qui se tiendront notamment en Seine-Saint-Denis, l’hôtel devrait attirer un afflux massif de voyageurs : 500 chambres ont déjà été réservées par le Comité International Olympique (CIO).
Adieu à la tour en béton rouillé
« Faire revivre la copropriété était notre objectif initial. L’idée était de la transformer en logements, mais cela s’est avéré trop compliqué. Le département de la Seine-Saint-Denis connaît une pénurie croissante de chambres d’hôtel, avec un besoin estimé à 5000 chambres supplémentaires », explique Boris Litty, directeur général de Financière des Quatre Rives, qui supervise le projet pour le compte de Pleyel Investissement, propriétaire de l’ensemble, lors d’une visite de fin de chantier. Le H4 Hotel Wyndham Paris Pleyel Resort propose près de 700 chambres, ce qui contribue à combler une partie de cette demande croissante. C’est la première implantation de l’enseigne allemande H-Hotels en France. Le complexe hôtelier propose des chambres allant de 21 à 129 mètres carrés, incluant la suite présidentielle située au sommet de la tour.
Auparavant, la Tour Pleyel tournait le dos aux habitants. Il était nécessaire de faire le tour du bâtiment pour y accéder. Désormais, la tour en béton rouillé a laissé place à un nouveau visage, avec un revêtement blanc en aluminium et une innovation architecturale, une sorte de kaléidoscope qui donne sur la place Pleyel et la reflète même, offrant ainsi une vue plus profonde à la tour, selon Sretchko Markovic. Une nouvelle tour, à l’arrière de la tour historique, a été érigée abritant un centre de conférences de 10 000 mètres carrés, ainsi qu’un restaurant pouvant accueillir plus de 370 convives. Au 40ème étage de la Tour Pleyel, une piscine panoramique a été aménagée, offrant une vue imprenable à plus de 130 mètres de hauteur.
« Cette verticalité représente un défi complexe. Les chambres sont souvent en angles, rendant difficile la standardisation des espaces et du mobilier », explique Axel Schoenert, l’architecte d’intérieur de l’hôtel et du centre de conférences. La forme légèrement pyramidale de la tour, avec son noyau désaxé, confère à chaque étage une surface différente. Le mobilier a donc été conçu sur mesure. Sur chaque porte, le visage d’un pianiste de renom est représenté, en hommage à l’histoire du quartier, la tour étant érigée à l’emplacement de l’ancienne usine de pianos Pleyel. L’ouverture est prévue pour le 8 juillet.