Depuis quelques années, les musiciens dénoncent une multiplication des amendes à leur égard en cas de transport d’un instrument surdimensionné. Après une expérimentation cet été, le service pourrait être pérennisé si le bilan est satisfaisant.
C’est une nouvelle qui devrait ravir les musiciens classiques qui sillonnent la France en train de festival en festival. Depuis le 1er juillet et jusqu’au 8 septembre, les contrebasses sont autorisées à bord des TGV inOui dans le cadre d’une expérimentation décidée «à la suite de nombreux échanges et discussions avec la profession, le ministère de la Culture et le ministère des Transports», souligne SNCF Voyageurs dans un communiqué. «À l’issue de cette phase test, un bilan sera réalisé à la rentrée 2024, en vue de pérenniser le dispositif s’il est satisfaisant», poursuit la compagnie. Dans tel cas, le service deviendrait payant.
Les emplacements adaptés au rangement des contrebasses sont localisés en 1re classe dans les TGV à double niveau (voitures 1 et/ou 11) et en 2nde classe dans les TGV à simple niveau (voitures 7,8, 17 et/ou 18). Dans le cas d’un voyage dans une rame à deux niveaux, le passager doit posséder un billet de 1re classe ou de Business Première afin qu’il se situe à proximité de cet espace de rangement. Lors de l’achat du billet, il n’est pas possible de réserver l’emplacement dédié. Les voyageurs concernés doivent embarquer sans démarche particulière.
Cacophonie entre musiciens et contrôleurs
Pour avoir l’assurance de trouver l’emplacement contrebasse disponible, la SNCF recommande de «privilégier les trains circulant en période ’creuse’», c’est-à-dire hors vendredi après-midi et dimanche après-midi. «Si la place du voyageur n’est pas à proximité visuelle de l’instrument, ou si une contrebasse est déjà présente à bord, il est envisagé un replacement dans le train ou sur un train suivant sans pénalités.»
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les contrebasses étaient jusqu’à présent interdites en raison de leurs dimensions XXL. Les bagages classiques ne doivent pas excéder 70 x 90 x 50 cm, tandis que les bagages spéciaux (poussettes, skis, planche de surf, etc.) sont limités à 90 x 130 cm. Des dimensions bien en deçà de celles d’une contrebasse. Or tout objet surdimensionné peut représenter un danger pour la sécurité des passagers, notamment en cas d’évacuation, et peut valoir une amende à son propriétaire.
Depuis quelques années, en particulier depuis 2021, des contrebassistes dépendants du train pour leurs concerts dénoncent une multiplication des contraventions à leur égard, entre 50 et 150 euros. Or de nombreux musiciens professionnels privilégient le train pour des raisons écologiques. En 2021, un collectif d’une centaine de musiciens a dénoncé une situation «ubuesque et kafkaïenne» dans une tribune publiée dans Le Monde. «Les contrebassistes, les violoncellistes, les luthistes, les harpistes galèrent en avion, en taxi, en métro, et aujourd’hui l’accès aux trains leur est de plus en plus souvent interdit. Pour ceux qui voyagent avec de grands instruments, prendre le train est devenu plus stressant que de se produire sur scène», peut-on y lire.