Nous y étions – En tournée, le groupe américain a offert lundi soir un de ses concerts inoubliables aux Nuits de Fourvière. Un spectacle à ne pas manquer.
Sur scène, on pourrait croire que Murphy et ses musiciens ont recréé le décor de leur studio new-yorkais : un enchevêtrement de câbles, des stands de percussions, des synthés empilés, dans un joyeux désordre. Pas un centimètre carré de disponible, mais c’est là que toute la formation prend vie. Au centre, le batteur Pat Mahoney, impressionnant, virtuose au groove solide et à la pulsation bien marquée. C’est lui qui donne le coup d’envoi du concert, comme pour la plupart des morceaux. Au-dessus, se superposent basse, guitares, clavier et percussions. La magie de ce groupe est de reproduire des arrangements électroniques complexes élaborés en studio avec des instruments électriques. Cela confère une certaine sauvagerie aux arrangements, laissant place à l’improvisation.
Un peu affaibli par un rhume, James Murphy est malgré tout au rendez-vous. Le bras replié sur lui-même, il chante dans son micro vintage avec une énergie remarquable. Il est impossible de ne pas se laisser emporter par ce groupe énergique, une dynamo qui plonge le public dans une transe douce. La mise en place est aussi impressionnante que le plaisir de jouer, avec cette touche de fantaisie qui gagne chacun des musiciens à divers moments du concert. Actif depuis le début des années 2000, LCD Soundsystem mélange post-punk et dance music avec brio. Une gigantesque boule à facettes témoigne de l’hédonisme des musiciens. Dignes héritiers des Talking Heads de David Byrne, ils allient rythmes effrénés et structures inspirées.
Par moments, une deuxième guitare vient renforcer le son, les claviers prennent le devant de la scène à d’autres moments, sans jamais perdre le fil conducteur qui anime la machine. Producteur et influent patron de label, James Murphy excelle en tant que bête de scène. En maître de la cacophonie, il laisse les musiciens explorer la distorsion dans des instants qui rappellent les racines garage rock du groupe. Des touches psyché punk qui inscrivent LCD Soundsystem dans l’héritage du Suicide d’Alan Vega. Puis, Murphy prend le contrôle avec une pulsation électro au groove élastique.
Pas de temps mort dans une proposition musicale qui cherche sans cesse à stimuler l’auditeur, témoin privilégié des expérimentations en direct. Les rares moments de calme rappellent les mélodies envoûtantes de Depeche Mode, plus traditionnellement électropop. Avant de s’éclipser pour une pause toilette, James Murphy entraîne le groupe dans une reprise de l’un de leurs titres emblématiques, « Jump into the Fire ». Une chanson de Harry Nilsson d’une modernité surprenante malgré ses 53 ans. Réhabilitée depuis sa présence dans « Les Affranchis » de Martin Scorsese, le morceau est un incontournable des concerts de LCD Soundsystem.
Le groupe revient pour un rappel plus calme et mélancolique, portant la durée du concert à près de deux heures. Une soirée miraculeuse, où tous les éléments se sont alignés pour offrir un moment mémorable. Une expérience musicale à vivre et revivre.