Dans une nouvelle étude, le géant européen estime que les compagnies aériennes achèteront 42.430 nouveaux avions entre 2024 et 2043 pour répondre à la hausse du trafic et remplacer leurs appareils âgés.
Des milliers d’avions s’apprêtent à envahir les cieux. Selon les dernières prévisions d’Airbus, la flotte en service devrait presque doubler entre 2024 et 2043, atteignant 48.230 appareils. Sur cette période, les compagnies aériennes auront besoin de 42.430 avions neufs, principalement des moyen-courriers de type A320neo ou Boeing Max, ainsi que des long-courriers de type A350 ou 787-777. Il est également prévu que 2400 exemplaires d’appareils cargos destinés au fret soient achetés. Environ 5800 avions actuellement en service continueront d’être opérationnels vingt ans plus tard, selon l’étude.
La majorité (55%) des achats d’avions neufs vise à suivre la croissance du trafic aérien. « À court terme, le trafic aérien devrait connaître une forte croissance de 8% en moyenne entre 2024 et 2027, année où le nombre de passagers devrait dépasser les 5 milliards, puis progresser de 3,6% par an jusqu’en 2043 », explique Joost van der Heigden, directeur du marketing d’Airbus.
Les compagnies aériennes prévoient également de renouveler leur flotte avec des avions de nouvelle génération, plus efficaces, moins consommateurs de carburant (moins 25% que les modèles anciens) et donc moins polluants. Le remplacement des long-courriers est en passe de devenir une tendance majeure. En effet, plus de 80% de la flotte en service devrait être composée d’avions de dernière génération d’ici 2043, contre seulement 30% en 2023.
Airbus se dit prêt à répondre à cette demande avec sa gamme d’A320neo, A330neo et A350, ainsi que trois nouveaux appareils bientôt disponibles. Il s’agit de l’A321 XLR, susceptible de traverser l’Atlantique comme un long-courrier mais avec des coûts d’exploitation d’un moyen-courrier, devant être certifié très prochainement. Il y a également la version ultra-long-courrier (ULR) de l’A350-1000 (mise en service en 2018) prévue pour 2025, tout comme l’A350F, la version cargo.
Prévisions à long terme dans un climat d’incertitude
Réaliser de telles prévisions à vingt ans, dans un contexte mondial marqué par des troubles et des tensions, est un défi. « Notre scénario est basé sur un environnement caractérisé par un niveau élevé d’incertitudes », admet Bob Lange, responsable des analyses de marché d’Airbus. Cependant, le géant européen affirme avoir confiance en sa vision à long terme du marché. En effet, le trafic aérien a déjà montré sa résilience en rebondissant fortement après chaque crise (attentats terroristes de 2001 aux États-Unis, crise financière de 2008, Covid en 2020).
« Les bases de la demande restent très solides », assure Bob Lange. Parmi ces facteurs, on compte la croissance du PIB (+2,6% par an pendant vingt ans) et du commerce mondial (+3,1%), l’augmentation de la population (+1,3 milliard de personnes d’ici 2043), l’urbanisation croissante (+1,5 milliard de personnes vivant en ville) et l’émergence d’une classe moyenne enrichie de 1,7 milliard de personnes, capables de financer des voyages en avion. En effet, plus de 80% de la population mondiale n’a jamais pris l’avion.
« Notre industrie a bénéficié de la mondialisation : nous anticipons un ralentissement de celle-ci, mais pas un retour en arrière », insiste Joost van der Heigden. Selon l’étude, la hausse du trafic aérien sera soutenue par la croissance des vols intérieurs dans les économies émergentes : +7% par an en Inde, +5,6% dans les pays asiatiques et +5% en Chine. La Chine devrait dépasser les États-Unis pour devenir le premier marché aérien mondial. En revanche, la croissance du trafic aérien sera moins prononcée dans les zones matures : +1,7% aux États-Unis et en Europe, et +2,6% pour les liaisons transatlantiques.
Dans de nombreux pays, « l’avion s’impose comme l’option la plus économique et la plus efficace pour voyager lorsque les moyens terrestres sont rares (comme aux États-Unis où le train pour passagers est moins développé qu’en Europe), inexistants ou trop longs », explique Bob Lange. La dynamique est forte dans toute la chaîne de valeur, des infrastructures aux compagnies aériennes. Selon l’étude d’Airbus, 42 nouveaux aéroports ont été mis en service depuis 2019, tout comme 43 nouvelles pistes sur des aéroports existants. Parallèlement, 7250 nouvelles liaisons aériennes ont été ouvertes et 160 nouvelles compagnies ont vu le jour, malgré la crise sanitaire et les tensions géopolitiques.
Des avions ultra sobres pour réduire l’empreinte carbone
L’ensemble de l’industrie s’efforce de réduire son empreinte carbone pour atteindre son objectif de zéro émission nette d’ici 2050, malgré l’augmentation du trafic aérien. « Notre industrie a déjà réduit ses émissions de CO2 de 53% depuis 1990 grâce aux améliorations technologiques et opérationnelles », rappelle Airbus. Alors que le nombre de passagers a augmenté, passant d’un milliard en 1990 à 4,5 milliards en 2023, l’industrie doit accélérer ses actions : développer des avions ultra sobres, optimiser la gestion du trafic aérien et utiliser des carburants d’aviation durable (SAF) dès qu’ils seront disponibles en quantité suffisante et à des prix abordables, avec des réseaux de distribution et des infrastructures de stockage proches des aéroports.
Les constructeurs ont déjà modernisé leurs avions pour améliorer leur efficacité énergétique de 20% en moyenne (notamment A320neo et Boeing 737 Max). Leurs appareils les plus récents, comme l’A350, ont été conçus pour voler avec 100% de carburants d’aviation durable (SAF) dès que la réglementation le permettra d’ici 2030. Parallèlement, des travaux sont en cours sur l’avion à hydrogène. Airbus vise à être le premier constructeur à mettre en service un appareil à hydrogène dans le monde, d’ici 2035.
Pour conclure, le secteur de l’aviation se prépare à une période de croissance significative, avec une demande croissante pour des avions neufs et plus efficaces. Les compagnies aériennes investissent massivement dans le renouvellement de leurs flottes et dans l’innovation pour réduire leur impact environnemental. Airbus se positionne comme un leader dans cette transformation, avec des solutions adaptées aux défis actuels et futurs du transport aérien.