FOCUS – L’homme qui a tenté d’assassiner l’ancien président américain a utilisé un fusil semi-automatique AR-15, ou M16. Une arme au cœur du débat sur le port d’armes aux États-Unis.
Les républicains ont toujours été des défenseurs fervents du deuxième amendement, qui garantit aux citoyens américains le droit de porter des armes. Ironiquement, l’homme qui a tenté d’assassiner l’ancien président des États-Unis hier lors d’un meeting en Pennsylvanie, a utilisé un fusil semi-automatique AR-15. Cette arme est au centre du débat sur le port d’armes aux États-Unis, étant souvent utilisée dans de nombreux massacres. Joe Biden a notamment appelé à l’interdiction de ce type d’arme à feu.
Donald Trump a été légèrement blessé à l’oreille, cependant une personne dans la foule est décédée et deux autres sont gravement blessées. L’assaillant a été abattu sur place. Un AR-556, un fusil semi-automatique de type AR-15 a été retrouvé près de son corps. Avec un prix abordable d’environ 350 dollars, c’est l’arme la plus vendue dans le pays.
L’AR-15 a été conçu à Los Angeles dans les années 1950 pour la société ArmaLite, d’où le sigle « AR ». En 1959, les droits ont été vendus à Colt qui l’a vendu à l’armée américaine sous le nom de « M16 », un nom plus connu du grand public. Son développement pour un usage civil a eu lieu plus tard. L’AR-15 a été utilisé par la police aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. En 2004, l’interdiction des armes d’assaut a été levée, entraînant une hausse des ventes d’AR-15.
Environ 25 millions d’AR-15 circulent aux États-Unis
En 2022, une étude de la National Shooting Sports Foundation estime à 24,4 millions le nombre d’AR-15 en circulation aux États-Unis. Un sondage de l’université de Georgetown réalisé en 2021 sur les détenteurs d’armes révèle des chiffres similaires. À noter que cette arme est utilisée par de nombreux chasseurs. Selon une étude du Washington Post, 15% des détenteurs disent l’utiliser pour le tir sur cible et 12% pour la chasse.
L’AR-15 est devenue le symbole du débat sur le port d’armes aux États-Unis. Pour les partisans de la régulation, elle est l’arme de prédilection des tireurs en masse. En effet, elle a été utilisée dans de nombreux cas de fusillades ces dernières années: Uvalde en 2022, Parkland en 2018, Las Vegas en 2017, Orlando en 2016, ou encore la tuerie de l’école primaire Sandy Hook en 2012. Deux tiers des Américains se prononcent en faveur d’une réglementation plus stricte de ce droit selon un sondage USA Today/Ipsos de 2021.
Pour les partisans indéfectibles du deuxième amendement, l’AR-15 est également le symbole de la liberté de porter une arme. En 2023, certains élus républicains ont suscité l’indignation de leurs adversaires démocrates en arborant un badge en forme d’AR-15 au Congrès. De plus, les efforts de régulation se heurtent systématiquement à la puissance du lobby des armes. Le président sortant Joe Biden a toutefois réussi à contraindre les vendeurs à vérifier le profil des acheteurs depuis 2022. Dans certains États, la vente de fusils semi-automatiques est interdite aux moins de 21 ans.
L’année dernière, la commercialisation du JR-15, un fusil spécialement conçu pour les enfants sur le modèle de l’AR-15, a suscité la colère des associations en faveur de la régulation des armes. La société de fabrication WEE1 Tactical affirmait sur son site que c’était « le premier d’une série d’armes qui aideront les adultes à initier les enfants au tir en toute sécurité ». Elle présentait le fusil comme « l’arme de papa et maman ».
De leur côté, les militants de Newtown Action Alliance ont critiqué l’imagerie utilisée par le fabricant pour attirer une clientèle jeune: un crâne de pirate avec une coupe mohawk pour les garçons et des couettes blondes pour les filles, une tétine en bouche. En 2021, les armes à feu ont causé près de 45 000 décès aux États-Unis, dont environ 24 000 suicides, selon l’organisation Gun Violence Archive. Plus de 1 500 mineurs ont été tués.