ANALYSE – Un accessoire indispensable pour une séance de bronzage réussie sur le sable, la serviette de plage est souvent arborée avec autant de soin que notre tenue vestimentaire.
Sur la splendide plage de La Baule, en Bretagne, Alicia étend avec minutie sa serviette, plaçant le côté imprimé vers le bas et le côté éponge vers le haut, exposé au soleil. « Je ne comprends pas pourquoi la plupart des gens choisissent de mettre le côté qui sèche le mieux sur le sable, pour ma part, je me fiche du motif », déclare cette jeune Parisienne de 24 ans, en week-end chez une amie.
Autour d’elle, une multitude de styles de serviettes de plage différents s’étalent : des modèles minuscules aux imprimés de palmiers, en passant par de grands draps parfaits pour deux personnes. Autant de variétés pour cet accessoire essentiel lors des vacances à la mer… et qui en dit long sur notre personnalité.
Les serviettes imprimées
Qui n’a jamais croisé une serviette de plage à l’effigie d’un dauphin ou affichant le logo imposant d’une équipe de football ? « Ce style kitsch se retrouve dans toutes les stations balnéaires, avec ce côté nostalgique et réconfortant », souligne Florent Paudeleux du Lesoir, consultant en mode, textile et tendances. C’est pourquoi Jenny ne se sépare plus de sa serviette Elvis Presley, achetée il y a dix ans lorsqu’elle vivait aux États-Unis. « C’est devenu un indispensable pour moi en été. Bien que fine et peu pratique, elle a une valeur sentimentale car je l’ai acquise à un moment marquant de ma vie, à l’étranger, et elle m’accompagne désormais dans tous mes voyages », témoigne la photographe de 28 ans.
Selon Catherine Bronnimann, psychothérapeute et ancienne designer de mode, ce choix d’imprimé affirme également un désir de se démarquer. « C’est une manière de montrer son admiration pour une célébrité connue du moment, par exemple », explique-t-elle au Lesoir.
Les serviettes à l’effigie des marques
Pour promouvoir sa marque préférée et impressionner les autres, la serviette de plage peut parfois être l’option idéale. « On opte souvent pour un modèle arborant un logo ostentatoire dans une démarche un peu bling-bling », souligne le consultant de mode en évoquant la dernière collection de plage de Gucci, dont les prix des textiles post-baignade atteignent jusqu’à 450 €.
Catherine Bronnimann identifie ici un autre sentiment : celui de se faire plaisir avec un produit de luxe à moindre coût. « Il s’agit souvent d’une façon plus abordable d’acquérir un produit d’une marque que l’on admire », nuance-t-elle, en citant les serviettes de plage Hermès à 280 €, alors que certains sacs de la marque s’élèvent à près de 15 000 €. « On ne peut pas forcément s’offrir un sac Hermès, mais peut-être pourra-t-on se permettre cet accessoire », conclut-elle.
Les serviettes de qualité
Un choix qualifié de « bobo » par Florent Paudeleux, caractérisé par l’adage « vivons heureux, vivons cachés ». « Ici, il n’y a pas de signe distinctif, on se tourne vers des modèles plus traditionnels confectionnés dans de belles matières comme le coton ou la laine », explique le spécialiste. Selon lui, ces vacanciers aiment dénicher ces serviettes dans des boutiques artisanales locales lors de leurs voyages en Grèce ou en Espagne. « J’en ai deux roses que j’adore, mais je préfère celle qui absorbe le mieux l’eau », confie Aurore, une étudiante de 20 ans, privilégiant le confort plutôt que les motifs. Pour la psychothérapeute Catherine Bronnimann, chez ces vacanciers, on observe plutôt une tendance écologique, mettant l’accent sur la durabilité du drap et la qualité de sa matière. « C’est une démarche moderne qui, à mes yeux, reflète une sensibilisation à l’écologie », affirme-t-elle.
Les serviettes originales
Certains ont des préférences particulières, comme les clients de David Mechoulan, gérant et fondateur du Comptoir de la Plage, une marque spécialisée dans la fabrication de serviettes. « Ce qui nous distingue dans notre fabrication, c’est que les motifs et les couleurs sont créés à l’aide de métiers à tisser Jacquard, qui produisent la serviette et le dessin simultanément en utilisant des fils teintés séparément », explique le responsable de 57 ans.
Les best-sellers de cette marque basée en Auvergne : les serviettes en coton à l’effigie de tortues de mer et les foutas de Tunisie, plus légers. « Nous nous adaptons aux tendances. Nous venons de lancer des serviettes en microfibres, fabriquées à partir de polyester et très demandées pour leur prix attractif et leur efficacité, car elles sèchent plus rapidement », souligne David Mechoulan.
Même si on ne l’affiche que l’été, cet accessoire iconique devient souvent le prolongement de notre style vestimentaire, devenant ainsi un indicateur social pour les plagistes. « Je pense que le choix de notre serviette reflète notre attitude générale face à la vie et devient un signe distinctif », conclut Catherine Bronnimann. De quoi méditer longuement sur la personnalité de nos voisins de plage…
À écouter – Comment être élégant à la plage ?