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Axelle Saint-Cirel, la jeune mezzo-soprano à qui Thomas Jolly a confié la mission de chanter l’hymne national français, a voulu apporter « un peu d’apaisement » à la France.
Sous la pluie battante, se distinguant dans un ciel lourd et gris, elle brillait vendredi soir, regardant Paris depuis les hauteurs de la nef du Grand Palais. Une silhouette minuscule enveloppant de sa voix la capitale et bien au-delà, le monde entier. Il était quelques minutes avant 21 heures lorsqu’Axelle Saint-Cirel a entonné La Marseillaise dans une version réarrangée par Victor Le Masne, directeur musical des cérémonies olympiques. Une Marseillaise moins martiale qu’à son habitude. « C’est ce dont la France avait besoin : un peu d’apaisement », estime-t-elle.
Quelques jours plus tard, la mezzo-soprano de 29 ans est toujours sous le choc. « Que l’on m’ait confié La Marseillaise, qui est le symbole de la Nation, dans un climat social compliqué, après le Covid et tous nos repères bouleversés, a été vraiment un honneur », témoigne-t-elle à l’AFP. « Je suis triste que ce soit fini. En même temps, c’est le début de quelque chose d’autre. » Après ce « moment incroyable » où elle a interprété l’hymne national dans une robe à traîne blanche et rouge, tenant le drapeau français, l’artiste est très émue : « C’est fou, c’est incroyable, il y a aussi beaucoup d’amour », confie-t-elle, ayant reçu depuis « de nombreux messages d’amour ».
La récente diplômée du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, lauréate 2023 du Concours des voix des Outremer, s’est lancée dans l’aventure des Jeux olympiques par le biais de Daphné Bürki, qui a « glissé » son nom. Née en région parisienne de parents guadeloupéens mélomanes, Axelle Saint-Cirel a vécu une partie de son enfance en Malaisie, avant de revenir en France et d’étudier une dizaine d’années au Conservatoire de Montbéliard. Au cours de son cursus au CNSMDP, elle a participé à des concours, des académies d’art lyrique. Passionnée de jazz, avec une « voix très malléable », elle chante également dans le registre des comédies musicales de Leonard Bernstein.
Contactée en avril pour participer à la cérémonie, Axelle Saint-Cirel a accepté – « cela n’arrive qu’une fois dans sa vie » – et a signé le contrat après avoir vérifié une chose non négligeable : ne pas avoir le vertige depuis le toit du Grand Palais. « Je suis une aventurière, cela ne m’a pas posé problème ! » Puis ce sont les répétitions, en solitaire, « à partir de 21h30, lorsque les étudiants assidus ne sont plus dans les studios » du conservatoire. Avec « des onomatopées, pour ne pas éveiller les soupçons », raconte la jeune femme qui a gardé ce secret de sa famille et de ses amis, allant même jusqu’à « invoquer des répétitions au moment de la cérémonie ».
Vendredi, la pluie battante a ajouté un peu de « stress » : la jeune mezzo a dû escalader les toits du monument 45 minutes avant son passage, avec sa robe protégée sous une cape, un baudrier, des chaussures sécurisées. Pendant les premières secondes de son interprétation, elle se concentre : « être en rythme, ne pas tacher la robe, ne pas faire couler le maquillage », se rappelle-t-elle. « Puis, au deuxième couplet, c’est le plaisir et la fierté » qui l’emportent. Du toit, « on entend beaucoup de choses ». « À la fin, j’entends Paris qui hurle de joie », se souvient-elle.
Et maintenant ? La chanteuse lyrique prépare un récital à Londres en septembre, une tournée avec Opera for peace, une académie axée sur la paix et la professionnalisation, où elle est ambassadrice de la France. Elle est également programmée en 2025 dans L’Enfant et les Sortilèges à l’Opéra de Monte-Carlo en mars. Puis dans l’opéra-bouffe La Belle Hélène de Jacques Offenbach à l’Opéra de Toulon en mai. « Ce sont des petits rôles car avant d’arriver sur le toit du Grand Palais, il faut gagner la confiance des directeurs d’opéra », explique-t-elle. « C’est le début d’une carrière », résume Axelle Saint-Cirel, espérant, avec optimisme et humilité, que son téléphone « sonnera ».
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