La tension entre Israël et le Hezbollah augmente à la suite de l’attaque de samedi dans le Golan syrien occupé, mais pour les expatriés français et les Franco-libanais, cohabiter avec le risque constant de frappes israéliennes et d’attentats ciblés est devenu une réalité quotidienne.
Pour les français au Liban, la question de rester ou de partir a depuis longtemps été mise de côté. S’ils sont encore présents, c’est parce que les aléas géopolitiques et les éventuels raids israéliens ne les effraient plus. Ils ont appris à vivre avec cette situation. « C’est comme si vous étiez Parisien, qu’il y avait la guerre à La Défense et que vous habitiez dans le 15e », explique Caline, une Franco-libanaise résidant à Beyrouth.
La tension entre Israël et le Hezbollah s’est accentuée depuis le 7 octobre, lorsque la guerre a éclaté entre Israël et le Hamas. Suite à un tir de roquette qui a tué 12 enfants sur le Golan syrien occupé par Israël samedi dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a promis une « réponse sévère ». Le Hezbollah a confirmé que son chef militaire, Fouad Chokr, était présent dans le bâtiment visé par l’armée israélienne. Face au risque d’escalade, plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, ont suspendu leurs vols jusqu’au 5 août.
« Nous voyons les images et c’est horrible. Cela se passe dans ma ville, mais ce n’est pas ma guerre. Ce ne sont pas des gens qui me représentent, ce n’est pas mon peuple », explique Caline à propos du Hezbollah, cette milice chiite soutenue par l’Iran. « Et à côté, les restaurants continuent de fonctionner, il y a des concerts, des fêtes, des mariages, des films projetés au cinéma… La vie continue. »
Les Français et les Franco-libanais, des plus anciens aux plus récents, ont appris à vivre avec cette tension. Certains sont déjà habitués à ce type de situation, après l’attaque contre le numéro 2 du Hamas en janvier et l’action offensive d’Israël contre le Hezbollah en avril. Ils analysent froidement la situation pour évaluer le niveau de danger et agir en conséquence. « Cela fait des mois que nous redoutons une escalade », confie Antoine.
L’ambassade française conseille à ses ressortissants de rester vigilants et de suivre les recommandations en cas d’évacuation. Certains ont déjà préparé un sac d’évacuation avec les papiers d’identité, de la nourriture, de l’eau et des batteries de téléphone. Mais malgré cette tension constante, la vie à Beyrouth continue comme d’habitude. Certains ressortissants se rappellent leur départ précipité lors de la guerre civile, mais pour beaucoup, l’idée de quitter le pays est loin d’être envisagée.
Dans ce contexte de tension, les Franco-libanais ont fait le choix de rester, malgré les risques. « Ceux qui voulaient partir l’ont fait après l’explosion (du port de Beyrouth en 2020, ndlr) ou l’année qui a suivi. Ceux qui sont restés restent, pour le meilleur comme pour le pire », explique Caline. La vie continue à Beyrouth, malgré l’ombre de la guerre qui plane au-dessus de la ville.