Par ces chaleurs estivales étouffantes, rien ne vaut une escapade en montagne. La découverte du mont Salève, en Haute-Savoie juste en face de la frontière suisse, à travers son téléphérique, offre une expérience unique. En plus de sa facilité d’accès et de son panorama à couper le souffle sur le lac Léman qui lui vaut le surnom de « balcon de Genève », l’endroit réserve également une découverte architecturale fascinante. La structure imposante perchée sur un immense pont en béton armé est en fait une réalisation emblématique de l’architecte suisse Maurice Braillard (1879-1965). Une œuvre moderniste inscrite au titre des Monuments Historiques du 20e siècle, mais qui nécessitait une restauration bien méritée.
Inauguré le 23 août 1932, le téléphérique a connu des turbulences pendant la Seconde Guerre mondiale avant de décliner face à la popularité croissante de la voiture individuelle, entraînant l’abandon de cet équipement vieillissant et déficitaire en 1975. Ce n’est qu’en 1984 que le téléphérique a rouvert après des travaux de modernisation et une importante transformation du bâtiment. Depuis lors, il a renoué avec le succès, transportant près de 300 000 passagers en 2017. Afin de maintenir cet élan, le Groupe local de coopération transfrontalière du téléphérique du Salève, composé de collectivités françaises et suisses, a décidé d’une rénovation complète de l’équipement pour élargir davantage son utilisation.
Après deux ans de travaux et un budget de 12 millions d’euros, l’ouvrage a progressivement repris du service à la fin de l’année 2023. La réhabilitation des bâtiments a été achevée en 2024 et a été confiée à l’agence française Devaux&Devaux Architectes. « Habiter mieux ce qui a déjà été construit », tel était le mot d’ordre de ce chantier, selon David Devaux. Les façades d’origine de la gare haute ont été restaurées pour retrouver leur aspect brut en béton, tandis que la plateforme d’arrivée des cabines a été modifiée. De plus, les terrasses sont désormais accessibles au public, et un restaurant panoramique, resté inachevé depuis l’ouverture du téléphérique, a enfin vu le jour. Ce dernier devrait d’ailleurs ouvrir ses portes en septembre.
Au final, ce site touristique s’adapte à ces évolutions pour répondre aux nouveaux et anciens usages, tels que la randonnée, le parapente ou l’escalade. Historiquement connu pour avoir accueilli les précurseurs de l’escalade sportive, le site dispose désormais d’un nouveau mur d’escalade de 20 mètres sur le pignon ouest de la gare haute. Il abrite également une salle d’exposition qui vise à sensibiliser les visiteurs à l’histoire du patrimoine régional et à la fragilité de son environnement. Une scénographie immersive qui met en lumière la morphologie des paysages des Alpes et du Jura, l’histoire de cette montagne transfrontalière, ainsi que sa faune et sa flore spécifiques.