REPORTAGE – De nouveaux appels à manifester ont été lancés, mercredi, dans une trentaine de villes du Royaume-Uni.
Rotherham
Accoudé au comptoir du Travelodge de Rotherham, dans le nord de l’Angleterre, un homme, qui préfère rester anonyme, descend une pinte de bière. Son « fish and chips » refroidit sur la table. « Les gens en ont assez, dit-il sans détour, et il faut que quelque chose se passe. » Originaire du pays de Galles, en déplacement pour une mission d’intérim, sa présence dans cette ville de 255.000 habitants a coïncidé avec le saccage, dimanche soir, par 700 émeutiers, d’un hôtel hébergeant des demandeurs d’asile, à la suite duquel six personnes ont été inculpées.
En ce mercredi matin, le centre de Rotherham est encore très calme mais les autorités sont sur le qui-vive. Si la soirée de la veille s’est déroulée dans le calme, des appels à des rassemblements devant des centres ou cabinets d’avocats apportant une assistance juridique aux immigrés et demandeurs d’asile ont été lancés dans une trentaine de villes.
Ils font craindre de nouvelles violences, plus d’une…
La tension est palpable dans les rues de Rotherham. Des groupes de jeunes se rassemblent, échangeant des murmures complices. Certains arborent fièrement des badges « anti-immigration ». Les commerçants eux, ont pris leurs précautions, fermant boutiques et rideaux de fer à la moindre alerte.
Face à ce climat délétère, les autorités locales ont renforcé les effectifs policiers, déployant des unités anti-émeutes sur les points sensibles de la ville. Des patrouilles surveillent les principaux axes et les lieux de regroupement présumés. Pourtant, malgré cet impressionnant dispositif, la menace d’une nouvelle flambée de violence subsiste.
Les raisons de cette colère sont multiples. Les habitants de Rotherham se sentent abandonnés par les pouvoirs publics, dépassés par l’afflux massif de demandeurs d’asile dans leur ville. Les tensions ethniques et sociales se cristallisent autour de cette question épineuse. Les récentes révélations sur un vaste réseau de trafic d’êtres humains opérant dans la région ont encore attisé les braises de l’indignation.
Pour en savoir plus sur cette situation explosive, nous avons rencontré M. Smith, membre d’une association locale de défense des droits des migrants. Selon lui, « la solution ne réside pas dans la fermeture des frontières ou le repli sur soi, mais dans une politique d’accueil et d’intégration plus humaine et juste ». Selon lui, le malaise qui traverse la ville de Rotherham est le reflet des inégalités et des injustices qui rongent la société britannique dans son ensemble.
Alors que la nuit tombe sur Rotherham, l’incertitude plane. Les appels à manifester se multiplient sur les réseaux sociaux, alimentant la peur et la confusion. Les habitants, eux, oscillent entre colère et résignation. Dans cette atmosphère tendue, une seule certitude : rien n’est réglé et le pire reste à craindre.