Portrait d’un réfugié de 31 ans enseignant l’art de la photographie aux enfants à Mardin, Turquie
À la frontière de la Syrie et dans les régions reculées du sud-est de la Turquie, un homme de 31 ans se distingue par son engagement envers la communauté locale et les déplacés. Son nom est Serbest. Il est un réfugié syrien lui-même, mais cela ne l’empêche pas de partager ses compétences en photographie avec les enfants de la région pour créer des liens entre les différentes populations.
Je me suis rendue à Mardin, une ville du sud-est de la Turquie, pour rencontrer cet homme au grand cœur. Dès mon arrivée, j’ai été témoin de sa patience et de sa gentillesse envers les enfants qu’il encadre. Les pas hésitants de la petite Abir, âgée de 7 ans, munie d’un appareil photo, reflétaient son mélange d’excitation et de confusion. Avec l’aide bienveillante de Serbest, elle a appris à tenir correctement l’appareil, à choisir un sujet à photographier, à cadrer et à appuyer sur le déclencheur.
Sous le regard amusé des autres enfants, turcs, syriens et kurdes, Abir a réussi à capturer des moments uniques du marché animé de Mardin. Les cliquetis des déclencheurs se mêlaient aux rires des jeunes photographes en herbe, créant une symphonie de ce qui semblait être la joie pure.
Serbest, surnommé Ustaz Serbest par les habitants du quartier, est un véritable mentor pour ces enfants. Son objectif va au-delà de l’apprentissage de la photographie. Il cherche à instaurer un sentiment de communauté et de solidarité entre ces jeunes, malgré leurs origines diverses. Pour lui, la photographie est un moyen de s’exprimer, de partager des émotions et des histoires, sans se soucier des barrières linguistiques ou culturelles.
À travers ses ateliers, Serbest encourage les enfants à raconter leur propre histoire, à mettre en lumière leur réalité quotidienne et à témoigner de leur vécu en tant que réfugiés ou habitants de cette région turbulente. Il croit fermement en la force de l’image pour sensibiliser les gens à la cause des réfugiés et pour favoriser un dialogue interculturel.
Dans un contexte où la crise des réfugiés fait souvent l’objet de débats politiques et de controverses, Serbest apporte une touche d’humanité et d’espoir. Sa démarche simple mais puissante montre que malgré les différences qui nous séparent, nous avons tous quelque chose à partager, à apprendre et à offrir les uns aux autres.
En tant que journaliste, j’ai été profondément touchée par l’histoire de Serbest et des enfants qu’il accompagne. Leur courage, leur résilience et leur capacité à trouver la beauté même dans les moments les plus sombres m’ont inspirée. Ils m’ont rappelé que la véritable force d’une communauté réside dans sa capacité à s’unir, à se soutenir mutuellement et à faire preuve de compassion envers les plus vulnérables.
En conclusion, Serbest incarne l’espoir et la générosité dans un monde souvent marqué par la division et la méfiance. Sa vision de l’art comme un vecteur de paix et d’unité mérite d’être saluée et soutenue. Grâce à des personnes comme lui, nous pouvons envisager un avenir où les différences sont célébrées et où la diversité est perçue comme une richesse à préserver.