Très réservé depuis les élections législatives, François Ruffin a organisé sa première rentrée politique ce samedi dans la Somme. C’était l’occasion pour lui de mesurer sa force après sa rupture avec Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise.
« Il espère vraiment qu’il y aura du monde, c’est le moment où on va voir si Ruffin, c’est fini, ou si ça continue », murmure un militant à trois camarades en arrivant au complexe sportif de Flixecourt (Somme). Ce samedi 31 août, François Ruffin a tenu sa rentrée politique intitulée « Gagner ! » dans sa circonscription, entre Amiens et sa périphérie rurale.
Réélu de justesse en juillet face à un candidat du Rassemblement national, le réalisateur n’est pas passé loin de perdre son siège face au Rassemblement national comme les communistes Sébastien Jumel et Fabien Roussel. Après avoir confirmé sa rupture avec La France insoumise, François Ruffin trace sa route en solitaire avec son micro-parti, Picardie Debout et siège au sein du groupe écologiste à l’Assemblée nationale.
Au cours d’une journée qui se voulait une « kermesse », deux débats ont eu lieu au milieu des châteaux gonflables, baby-foot géant et distributeur de barbes à papa. Le premier portait sur les leçons à tirer des élections législatives, le deuxième sur la manière dont la « gauche populaire » peut « se faire aimer ». « Nous voulons une gauche généreuse et joyeuse, donc nous organisons une kermesse pour que les gens s’amusent et qu’il y ait de la politique », a expliqué François Ruffin en duplex pour le 13H de TF1.
Malgré la grisaille – puis la pluie de Flixecourt – plus de 1500 personnes se sont rendues dans la Somme. Plusieurs personnalités de gauche ont participé à la fête, notamment les députés ex-insoumis Alexis Corbière, Raquel Garrido et Clémentine Autain. Mais aussi Sébastien Peytavie (écologiste), Sophie Taillé-Polian (Générations.s), Damien Maudet (La France insoumise) et Sébastien Jumel (PCF). Plus étonnamment, l’avocat médiatique Bertrand Périer était également présent. Même si Lucie Castets n’a pas pu se rendre à Flixecourt, la candidate désignée par le Nouveau Front populaire pour Matignon a tout de même adressé une vidéo aux militants de Ruffin.
Son absence physique a été remarquée, tant l’ancienne directrice des Finances de la ville de Paris a participé à tous les événements estivaux de l’ensemble des partis de gauche. Pour l’instant, François Ruffin est l’un des rares poids lourds du NFP à ne pas s’être affiché publiquement avec elle. Un manque d’acte qui témoigne de l’isolement du député de la Somme, pourtant le premier à avoir appelé à la constitution d’un « Front populaire », le soir de la dissolution. Dès le début des négociations, « les partis ont immédiatement repris leurs droits », a grincé un élu proche de François Ruffin, éloignant de fait l’ancien réalisateur de la scène politique. Très discret cet été, l’ancien journaliste a donc organisé sa première initiative d’ampleur depuis sa rupture avec la galaxie Mélenchoniste. « Le sens de cette journée, c’est de se compter. On voit qu’on n’est pas seuls, ça rassure », confie le même élu cité plus haut. Une première étape pour « préparer la suite », ajoute-t-il.
Face à ses partisans, François Ruffin a réaffirmé sa volonté de « rassembler la France des tours et des bourgs ». Critiquant sans la nommer la stratégie de Mélenchon de concentrer ses espoirs électoraux dans les quartiers populaires, l’auteur de « Je vous écris du front de la Somme » a demandé à la gauche « de vouloir la France en entier et pas à moitié ». « De conjuguer la France des quartiers et la France des clochers ». Le Picard s’en est ensuite pris directement à Emmanuel Macron. « J’ai assez fait dans la spiritualité, c’est lui qu’il faut combattre ». « C’est un homme du chaos, du chaos institutionnel, du chaos politique, du chaos fiscal », a-t-il dénoncé.
S’il s’est réjoui du contenu du programme du NFP, notamment l’abrogation de la réforme des retraites, le retour de l’impôt sur la fortune (ISF) et la mise en place du référendum d’initiative partagée (RIC), l’homme de 48 ans a constaté que « nous n’avons pas la majorité à l’Assemblée, ni dans le pays pour réaliser un grand changement ». « La prochaine fois », pour gagner « pleinement et partout », l’ex-journaliste a insisté sur le fait que sa famille politique devait « se faire aimer et non pas détester ». Pour cela, il a recommandé une reconquête des territoires en impliquant les militants de gauche dans la vie citadine. « Si nous avions un parti, je dirais : engagez-vous moins sur Twitter et davantage au resto du cœur ».