Le chant des pierres – Ces célèbres navigateurs scandinaves ont toujours fasciné l’imagination populaire depuis des siècles. Souvent associés à des guerriers sanguinaires, la vérité de leur existence, bien plus complexe et riche, se dévoile dans le sud-est de la Suède.
La Norvège et le Danemark sont souvent mentionnés lorsqu’il s’agit de situer ces personnages dans un contexte géographique. Cependant, les Vikings ont profondément marqué le territoire suédois et ont joué un rôle crucial dans l’établissement des routes commerciales reliant l’Europe à l’Asie. Pourquoi ont-ils disparu presque aussi soudainement qu’ils sont apparus, plus de deux siècles après l’attaque du monastère de Lindisfarne, au nord de l’Angleterre actuelle, le 8 juin 793 ? Cette question nourrit la fascination pour ces hommes du Nord, qui étaient à la fois des commerçants habiles, des explorateurs et des navigateurs aguerris, mais pas nécessairement des guerriers féroces tels qu’on aurait tendance à les imaginer. Plus de mille deux cent trente ans plus tard, des mystérieuses pierres runiques aux impressionnants navires muséaux, la Suède regorge de trésors qui racontent l’histoire fascinante des Vikings, qui, contrairement au stéréotype du XIXe siècle, ne portaient jamais de casque à cornes.
Mais les Valkyries des contes nordiques, chères à Wagner, ne sont pas simplement imaginaires. La Lagherta de la série télévisée Vikings pourrait être enterrée dans une tombe de la ville de Birka, sur l’île de Björkö, dans le centre-est du pays, à deux heures de ferry de Stockholm. La sépulture contient de nombreuses armes et les squelettes de deux chevaux, indiquant que la personne enterrée était de haut rang. La guerrière, qui vivait entre 850 et 950, avait probablement une trentaine d’années à sa mort. À cette époque, Birka était un grand port abritant environ 1000 habitants. Considéré comme le plus important de l’archipel, il reliait les terres vikings aux terres slaves de Novgorod, à celles des Byzantins de Constantinople et au califat abbasside (actuel Irak). Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993, les sites de Birka et de Hovgården, sur l’île voisine d’Adelsö, constituent un ensemble archéologique illustrant les réseaux commerciaux complexes des Vikings et leur influence sur l’histoire de la Scandinavie.
De retour dans la capitale suédoise, on se rend sur l’île de Djurgården qui abrite le musée Vasa, dédié au célèbre navire du même nom. Incroyablement bien préservé, ce bateau est un chef-d’œuvre de l’architecture navale, témoignant de la grandeur viking. À proximité, le musée Vikingaliv s’adresse à un large public multigénérationnel. L’objectif n’est pas de rivaliser avec le musée historique de Stockholm, mais de proposer une alternative ludique avec l’attraction phare de la saga de Ragnfrid. Un voyage de dix minutes à bord d’un train plonge les visiteurs au cœur d’une épopée viking pleine de rebondissements.
Les amateurs d’archéologie se rendront à Uppsala, ancienne cité religieuse située à une heure au nord de la capitale. Le Vieil Uppsala abrite une nécropole impressionnante du VIe siècle et un musée racontant la légende des rois du royaume de Svea, enterrés dans trois grands tumuli. À quelques kilomètres, une promenade dans le centre-ville parmi les runes de granite permettra d’explorer l’héritage spirituel de ces « hommes du Nord ». La Suède compte entre 1700 et 2500 runes, le voyage ne fait que commencer.