Le voyage en train de ce mois-ci nous emmène le long de la côte ouest des États-Unis à bord du Coast Starlight, une ligne de train emblématique parcourant plus de 2000 km depuis 1971. La section reliant « SF » à « LA » offre une vue imprenable sur certains des plus beaux paysages de l’État doré, que l’on peut admirer depuis sa couchette ou la voiture panoramique. Embarquement immédiat !
En Amérique, les lignes de train les plus importantes sont souvent nommées de manière significative, telles que le California Zephyr, le Pacific Surliner ou le Rocky Mountaineer. Depuis 1971, le Coast Starlight sillonne la côte ouest entre les États de Washington, de l’Oregon et de la Californie. Dans un pays où la voiture est reine, la grande vitesse ferroviaire reste méconnue : ce périple de 2220 km se réalise en 35 heures. Les voyageurs les moins pressés apprécieront la lenteur contemplative du trajet.
Notre voyage commence en cours de route à San Francisco. Entre « SF » et « LA », les paysages californiens offrent une mosaïque de contrastes: de la célèbre baie, le train traverse la Vallée Centrale, principal territoire agricole de l’État doré, avant de longer un littoral ensoleillé caressé par les vagues du Pacifique. Après avoir exploré les « Painted Ladies », les maisons victoriennes colorées, visité Fisherman’s Wharf, admiré le Golden Gate Bridge ou découvert la célèbre prison d’Alcatraz, le vrai voyage commence dans la périphérie de San Francisco.
Inutile de chercher « San Francisco » sur le site d’Amtrak, la compagnie ferroviaire nationale : le départ se fait depuis la gare d’Emeryville, de l’autre côté de la baie. Pour y accéder depuis le centre-ville, il faut compter au moins trente minutes en Bart (sorte de RER local) jusqu’à West Oakland, puis en bus (ligne 29) jusqu’à la gare d’Emeryville. Une autre option est de prendre le train à la gare d’Oakland, également desservie par le Bart. Ces gares de banlieue manquent de charme et l’on attend avec impatience de les quitter.
Après Emeryville, le train à deux niveaux d’Amtrak tiré par une locomotive diesel traverse des zones résidentielles et industrielles que l’on est soulagé de quitter une fois passé San José, capitale de la Silicon Valley. La ligne suit à peu près le tracé de la route nationale US 101, prisée des amateurs de road trips. Près de la baie de Monterey, les réserves marines d’Elkhorn Slough et de Moro Cojo Slough State s’étendent, offrant de vastes paysages de marais salants appréciés par de nombreux oiseaux aquatiques. En approchant de Salinas et de sa vallée, on traverse le champ pétrolier peu accueillant de San Ardo, strié de foreuses, avant de retrouver des paysages plus attrayants de terres agricoles nichées entre les montagnes.
Après Paso Robles, de vastes vallons s’ouvrent sur un magnifique paysage verdoyant, une bouffée d’air frais montagnard au cœur de la vallée des Santa Lucia Mountains, avant d’arriver dans la magnifique région viticole de San Luis Obispo. Cette charmante ville fondée en 1772, située à égale distance des deux principales villes californiennes, rappelle les origines espagnoles de la Californie et invite à une escale de plusieurs jours. Vignobles, plages, randonnées et architecture historique sont au programme.
C’est ici que débute la plus belle portion du trajet, à admirer de préférence depuis la voiture panoramique. Les paysages vallonnés laissent progressivement place au littoral à la hauteur de Pismo Beach. Un littoral balayé par les vagues du Pacifique qui ne nous quittera presque pas jusqu’à Santa Barbara. Au pied des Santa Inez Mountains, cette ville popularisée par la série du même nom des années 1980 offre une ambiance méditerranéenne, invitant à une escale d’au moins une journée. En fin d’après-midi, le Coast Starlight poursuit sa route jusqu’à la célèbre Union Station de Los Angeles. Construite en 1939, cette gare a été le décor de nombreux films tels que Blade Runner, The Dark Knight Rises ou encore Arrête-moi si tu peux. Pour les amateurs de trains, la gare sera un point d’entrée dans la Cité des Anges lors des Jeux olympiques et paralympiques de 2028.
En ce qui concerne les horaires, un seul trajet par jour est proposé dans chaque sens, prenant environ 12 heures pour relier San Francisco à Los Angeles…sans compter les retards fréquents sur les rails américains. Au départ de San Francisco, le Coast Starlight n°11 part à 8h39 pour arriver à Los Angeles à 21h11. Dans le sens inverse, le Coast Starlight n°14 quitte LA à 9h51 pour une arrivée à SF à 21h31. Les voyageurs souhaitant prolonger leur périple vers le nord peuvent réserver jusqu’à Seattle, terminus de la ligne.
Les sièges de la classe économique sont spacieux et confortables, offrant beaucoup d’espace pour les jambes. Ils sont équipés de tablettes rabattables, de grandes fenêtres, de liseuses individuelles et de prises électriques, parfaits pour un trajet de jour de 12 heures.
Pour plus de confort, il est possible d’opter pour un compartiment privatif avec lit pour la partie San Francisco – Los Angeles. La « roomette » dispose de deux sièges convertibles en couchettes superposées. Les cabines-lits («Bedrooms»), deux fois plus spacieuses, comprennent un canapé séparé des deux lits superposés, ainsi que des toilettes et une douche. Il existe également une version pour quatre personnes, la Family Room, idéale pour voyager entre amis ou en famille. Ces catégories de billets incluent les repas, l’accès aux salons, l’embarquement prioritaire et les services d’un personnel dédié.
Le trajet San Francisco – Los Angeles est proposé à partir de 64 dollars (58 €) en classe économique. La roomette pour deux personnes est disponible à partir de 520 dollars (470 €), la cabine-lits à environ 700 dollars (630 €). Il est important de noter que ces deux dernières catégories de billets ne sont vendues que sur la version américaine du site d’Amtrak. Sur la version française, seuls les sièges sont disponibles.
À bord, des petits déjeuners, déjeuners et dîners sont servis dans la voiture-restaurant, à condition de réserver. Les repas sont inclus dans les billets « Business ». Pour les voyageurs en classe économique, les repas sont en supplément : comptez 20 dollars (18 €) pour le petit-déjeuner, 25 dollars (22 €) pour le déjeuner deux services et 45 dollars (40 €) pour le dîner trois services. Un café est également disponible à bord pour des collations et boissons. La voiture panoramique, avec ses baies vitrées et ses bancs tournants, offre des vues spectaculaires, un véritable bijou du train.
Cependant, lors de notre trajet, une principale déception a été le manque de propreté des toilettes, qui semblent ne pas être nettoyées régulièrement. Dans les trains d’Amtrak, la climatisation est généralement réglée à une température assez basse, surtout en été. Comme c’est souvent le cas aux États-Unis, il peut faire froid à bord. Pour un voyage agréable, il est recommandé d’avoir une petite laine à portée de main.
En conclusion, le Coast Starlight offre une expérience unique pour découvrir les paysages variés de la côte ouest américaine, entre vinobles, littoral et montagnes. Une escapade ferroviaire pour les amoureux de voyage et d’aventure, à vivre au moins une fois dans sa vie. Un véritable voyage au cœur de l’Amérique, à la découverte de la beauté infinie des grands espaces.