La tendance à la hausse du recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en France se confirme après une période de baisse marquée pendant l’épidémie de Covid-19. Une nouvelle étude réalisée par la Drees, le service de statistiques du ministère de la Santé, révèle que 243 600 IVG ont été effectuées l’année dernière, soit une augmentation de 8 600 par rapport à 2022. Ce chiffre représente un taux de 16,8 IVG pour 1000 femmes en âge de procréer, en hausse par rapport à l’année précédente.
Le ratio d’avortement, qui mesure le rapport entre le nombre d’IVG et le nombre de naissances vivantes, a également augmenté pour atteindre 0,34 en 2023, soit 34 avortements pour 100 naissances. Cette augmentation est expliquée par une baisse du nombre de naissances d’une part, et une augmentation du nombre d’IVG d’autre part.
L’allongement des délais pour l’avortement en France, passé de 12 à 14 semaines de grossesse, n’est pas suffisant pour expliquer la hausse du nombre d’IVG. En effet, la majorité des IVG sont pratiquées entre la 5ème et la 9ème semaine de grossesse, bien avant le délai maximum. Le taux de recours à l’IVG a augmenté dans toutes les tranches d’âge, avec un pic chez les 25-29 ans, atteignant près de 30 IVG pour 1000 femmes, un record historique.
En ce qui concerne les méthodes utilisées, la voie médicamenteuse est la plus utilisée, représentant 79% des IVG réalisées en 2023. Cette méthode est préférée à la technique instrumentale, notamment en cas d’IVG dite « tardive ». En France, près de la moitié des IVG sont désormais réalisées en dehors de l’hôpital, principalement en cabinet de ville par les médecins généralistes, les gynécologues ou les sages-femmes.
Les départements d’Outre-mer affichent un taux de recours à l’IVG deux fois plus élevé qu’en métropole, avec des disparités régionales importantes. En Guyane, le taux de recours est particulièrement élevé en raison de grossesses précoces plus fréquentes et d’une méfiance accrue à l’égard de la contraception.
En conclusion, l’IVG reste un recours fréquent en France, avec une tendance à la hausse observée ces dernières années. La diversification des méthodes et des lieux de pratique témoigne d’une évolution des pratiques médicales et législatives dans le domaine de la santé reproductive.