Des associations alertent sur le laxisme des réseaux sociaux en matière de promotion de l’alcool et demandent des mesures plus strictes concernant ces pratiques. Dans un rapport accablant publié récemment, il a été révélé que TikTok et Instagram sont de véritables terres de liberté où la publicité pour l’alcool prolifère sans aucun contrôle. Addictions France, une association qui mène des actions de prévention contre les addictions, a recensé plus de 11 300 contenus promouvant l’alcool sur ces plateformes entre juin 2021 et janvier 2024. Selon eux, il ne s’agirait que de la partie visible de l’iceberg, et ils estiment que ce chiffre est largement sous-évalué.
Les marques d’alcool profitent de l’ampleur des réseaux sociaux pour créer des contenus attractifs mettant en scène l’alcool dans des contextes festifs et conviviaux. Ricard, Heineken, Aperol Spritz figurent parmi les marques les plus représentées, associant l’alcool à la fête, aux vacances et à la mode pour attirer un maximum de jeunes consommateurs.
Les influenceurs sont également mis à contribution pour promouvoir l’alcool auprès de leurs abonnés. Lenasituations, par exemple, avec ses 4,6 millions d’abonnés, est régulièrement sollicitée pour vanter les mérites des marques d’alcool. Pour les marques, ces collaborations sont un moyen efficace de se faire connaître et d’augmenter leurs ventes. Certains chiffres parlent d’eux-mêmes : Bombay Sapphire a réalisé 340 contenus en trois ans pour devenir incontournable sur les réseaux sociaux, tandis qu’Apérol Spritz a vu ses ventes passer de 10 000 litres en 2011 à 79 millions de litres en 2023.
Les jeunes sont particulièrement exposés à ce type de publicité sur les réseaux sociaux. Selon une étude réalisée dans le cadre de l’enquête d’Addictions France, 79% des 15-21 ans voient des publicités pour de l’alcool chaque semaine, ce qui influence leur comportement et peut les pousser à consommer davantage. Devant l’ampleur du phénomène, les associations demandent au gouvernement de prendre des mesures pour limiter ces pratiques et réduire les risques associés à la consommation d’alcool.
La loi Évin, adoptée en 1991 pour encadrer la promotion de l’alcool et du tabac en France, interdit la publicité à la télévision et au cinéma. Cependant, elle a été plusieurs fois remise en cause par le lobby des alcooliers, et des failles persistent, notamment sur les réseaux sociaux. Les sanctions prévues en cas d’infraction à cette loi sont jugées insuffisantes pour dissuader les industriels de l’alcool de continuer à promouvoir leurs produits de manière excessive. Addictions France appelle à une réforme en profondeur de la réglementation en matière de publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux, afin de protéger les consommateurs, en particulier les plus jeunes, des risques liés à une consommation excessive.