La France a également adopté une approche de «guerre cognitive», qui consiste à combiner les aspects militaires, informationnels et psychologiques pour influencer les populations cibles et obtenir l’adhésion à ses objectifs. Cette stratégie implique notamment la lutte contre la désinformation et la propagande adverse, ainsi que la promotion des valeurs démocratiques et de l’État de droit. Les Armées françaises ont ainsi créé une cellule dédiée à la communication stratégique, chargée de coordonner les efforts de communication à l’échelle nationale et internationale.
L’engagement de la France au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane, a également mis en lumière l’importance du combat des récits. Face à des groupes terroristes et des réseaux de propagande jihadistes actifs sur les réseaux sociaux, les armées françaises ont dû adapter leur communication pour contrer ces menaces. Des actions de communication ont été menées pour valoriser les succès militaires, témoigner de l’engagement des forces françaises aux côtés des populations locales et démentir les fausses informations diffusées par les groupes adverses.
La chercheuse souligne que les mots sont devenus des armes dans cette nouvelle guerre, où la bataille se joue autant sur le terrain physique que virtuel. Les armées doivent maîtriser l’art de la communication pour influencer les perceptions, mobiliser les opinions publiques et légitimer leurs actions. La guerre des récits ne consiste pas seulement à informer, mais aussi à façonner les imaginaires collectifs, à construire des narratifs qui donnent du sens à l’action militaire.
Amélie Férey insiste sur le rôle crucial de la recherche et de l’analyse dans la compréhension des enjeux de cette nouvelle guerre de l’information. Les chercheurs de l’IFRI travaillent en étroite collaboration avec les décideurs politiques et militaires pour anticiper les menaces, évaluer les répercussions des actions de communication et proposer des stratégies adaptées. La guerre des récits nécessite une approche multidisciplinaire, faisant appel à des experts en sciences de l’information, en psychologie sociale, en linguistique et en études stratégiques.
En conclusion, Amélie Férey souligne que la maîtrise de l’information est devenue un enjeu majeur pour les armées contemporaines, aux côtés des capacités conventionnelles et technologiques. Les conflits du XXIe siècle se joueront autant sur le front des idées que sur celui des armes, et la victoire sur le champ de bataille dépendra de la capacité à imposer sa narratif et à mobiliser les soutiens internes et externes. Les mots sont devenus des armes redoutables dans cette nouvelle guerre de l’information, et il est essentiel pour les armées de les manier avec précision et stratégie pour atteindre leurs objectifs.