Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères français, Hubert Védrine, les récents bombardements du Liban par Israël sont bien plus qu’une simple opération militaire, il s’agit d’une manœuvre politique habile menée par le premier ministre israélien pour servir ses propres intérêts.
Dans une interview accordée à la Tribune du dimanche, Hubert Védrine dénonce la stratégie cynique de Benjamin Netanyahou, qui cherche avant tout à rester au pouvoir en alimentant le conflit avec le Hezbollah. En éliminant le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, Netanyahou espère renforcer sa position politique en Israël en unifiant sa population derrière lui.
Pour Védrine, Netanyahou cherche à se présenter comme un rempart contre l’influence iranienne et à rallier le soutien de l’Occident en agitant le spectre de la menace chiite. En provoquant le Hezbollah et en poussant à l’escalade des tensions, Netanyahou parvient à mobiliser son électorat et à semer la discorde au Liban, où une partie de la population se réjouit secrètement de voir le Hezbollah affaibli.
Cette stratégie de division menée par Netanyahou vise également à paralyser les diplomaties européennes en les accusant d’antisémitisme dès qu’elles critiquent Israël, et à influencer les décisions américaines en les utilisant comme levier de pression politique. Selon Védrine, cette influence d’Israël sur les États-Unis est plus grande que l’inverse, ce qui alimente les tensions au Moyen-Orient.
Malgré le risque d’une escalade dans la région, Védrine estime que le Hezbollah ne réagira pas de manière démesurée par peur des conséquences, mais que le véritable changement ne pourra venir qu’avec le départ de Netanyahou et l’avènement d’un leader tel qu’un « nouveau Rabin », en référence à Yitzhak Rabin, premier ministre israélien ayant signé les accords d’Oslo avec Yasser Arafat en 1993.
En reprenant les paroles emblématiques de Rabin, qui prônait une lutte contre le terrorisme sans pour autant abandonner le processus de paix, Védrine espère un retour à la raison et à la recherche d’une solution diplomatique dans la région. Malgré les manœuvres politiques de Netanyahou, l’ancien ministre reste optimiste quant à l’avenir de la région et souligne l’importance d’un changement de leadership pour parvenir à une véritable stabilisation politique.