Le Premier ministre a suscité une grande attente de la part des professionnels de l’immobilier. Ils se montrent globalement satisfaits des déclarations de Michel Barnier, qu’il s’agisse des constructeurs, des courtiers ou des promoteurs. Lors de son discours de politique générale prononcé devant l’Assemblée nationale hier, le Premier ministre a annoncé un report de l’interdiction de louer des passoires thermiques. Le Diagnostic de performance énergétique (DPE) sera «simplifié» et «le calendrier, adapté». Il s’est également prononcé en faveur de l’extension du prêt à taux zéro pour les primo-accédants sur tout le territoire.
Les professionnels saluent dans l’ensemble ces annonces. Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier, Fnaim, souligne que «le Logement semble redevenir une réelle priorité pour le Gouvernement, Michel Barnier en ayant fait le deuxième de ses sept axes d’urgence». Du côté de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC), Damien Hereng, son président, estime que «le retour du PTZ partout sur l’ensemble du territoire sera de nature à relancer l’accession à la propriété des primo-accédants et donc la construction neuve sous toutes ses formes».
L’Union Nationale des Aménageurs (Unam) salue également la «lucidité de Michel Barnier selon lequel «pour construire, il faut du foncier» ». Les courtiers, de leur côté, accueillent favorablement les annonces. Maël Bernier, directrice de la communication et porte-parole de Meilleurtaux, estime que ces mesures vont dans le sens du bon sens. Pierre de Buhren, directeur général du courtier Empruntis, souligne que «l’élargissement du PTZ à l’ensemble du territoire est une mesure qui contribuera à la primo-accession, notamment des ménages modestes».
Cependant, les sociétés spécialisées dans la rénovation énergétique expriment plus de réticences. Audrey Zermati, directrice stratégie chez Effy, s’inquiète du rétropédalage sur le calendrier d’interdiction des passoires. Pour elle, il est nécessaire de maintenir le calendrier initial prévoyant l’interdiction de location des passoires les plus énergivores d’ici 2025. Sylvain Le Falher, cofondateur d’Hello Watt, critique les changements réguliers des mesures et du manque de stabilité dans le cadre réglementaire qui peuvent décourager les propriétaires à engager des travaux de rénovation.
Pour Jean-Régis de Vauplane, de chez Ithaque, ce report envoie un signal négatif aux propriétaires bailleurs. Selon lui, cela risque de remettre en cause la crédibilité de la parole politique et de dissuader les propriétaires de s’engager dans des projets de rénovation énergétique. La Capeb, Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, demande des réponses claires sur divers sujets, tels que le budget du dispositif MaPrimeRénov’ et la simplification du label RGE.
En somme, si les annonces du Premier ministre concernant l’immobilier ont été globalement bien accueillies par les professionnels du secteur, des interrogations persistent notamment du côté des acteurs de la rénovation énergétique. Il reste à voir comment ces mesures seront concrètement mises en oeuvre et quel impact elles auront sur le marché immobilier français.