C’est une découverte étonnante récemment révélée par la Banque de France. Cependant, avec le discours de politique générale de Michel Barnier, elle est complètement passée inaperçue. Malgré tout, cette découverte pourrait intéresser les ménages qui envisagent d’acheter un logement. Emprunter sur une durée de 20 ans peut désormais être moins coûteux que sur 15 ans. Cela peut sembler surprenant à première vue. «Je n’ai jamais vu une banque accorder un prêt à un taux de crédit moins élevé sur une période de 20 ans que sur 15 ans», affirme Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer. «Il est très rare qu’un jeune aisé empruntant sur 20 ans obtienne un meilleur taux qu’un senior empruntant sur 15 ans. Mais cela arrive», confirme Maël Bernier, du courtier Meilleurtaux.
Cependant, si l’on considère les frais de dossier, d’assurance et éventuellement de courtage, le taux de crédit sur 20 ans peut être inférieur à celui sur 15 ans. Une situation inédite qui s’est produite au cours du troisième trimestre de l’année 2024. Le taux global moyen entre 10 et moins de 20 ans s’élève à 4,52%, contre 4,39% pour une durée de 20 ans et plus, selon la Banque de France. «À ma connaissance, cela ne s’est jamais produit par le passé», déclare Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux. «Dans le passé, les baisses de taux étaient généralement les mêmes quelle que soit la durée de l’emprunt. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : les banques font davantage d’efforts pour les prêts de plus de 20 ans et moins pour les autres», confirme Pierre-Étienne Beuvelet, directeur général d’IN&FI Crédits.
Une assurance qui pèse lourd pour les seniors
Cette différence s’explique en partie par le profil des emprunteurs. «Pour les emprunts de 10 à 20 ans – qui représentent près de 30% des prêts immobiliers, selon l’Observatoire Crédit Logement -, il s’agit généralement de secundo-accédants, plutôt âgés ou d’investisseurs. En revanche, les emprunts de plus de 20 ans – représentant environ 66% des prêts immobiliers – concernent plutôt de jeunes primo-accédants», précise Maël Barnier, porte-parole du courtier Meilleurtaux.
Les premiers (hors investisseurs) peuvent être pénalisés par l’assurance emprunteur, qui augmente en raison de leur âge avancé, faisant ainsi grimper le taux global du crédit. En revanche, les seconds, clientèle privilégiée des banques, ont pu bénéficier de baisses de taux plus importantes, parfois jusqu’à -0,5%, ou de prêts bonifiés, parfois partiellement gratuits, ainsi que des taux d’assurance plus bas que leurs aînés : en général entre 0,2% et 0,3%, contre 0,7% à 0,8% pour les seniors.
C’est pourquoi le taux global sur une durée de 20 ans est actuellement inférieur à celui sur 15 ans. Cette situation inédite pourrait se maintenir encore quelques mois, selon les experts interrogés par Le Lesoir, car les banques ne cessent de redoubler d’agressivité pour conquérir de nouveaux clients, de préférence jeunes. Ainsi, si vous êtes seniors, ne vous attendez pas à emprunter dans les mêmes conditions que les jeunes acheteurs sur 20 ans, en raison de cette différence d’âge qui risque de faire grimper le coût de votre assurance emprunteur.