ENQUÊTE – Le terme « cassos » fait trembler les sociologues et les historiens car il reflète la division au sein des classes populaires. Pour ceux qui l’utilisent, le « cassos » n’est pas une victime du système, il est vu comme un fardeau, une personne assistée.
La scission entre François Ruffin et La France insoumise est désormais consommée. En cette rentrée, le député-journaliste reproche à son ancien parti politique d’avoir abandonné les classes ouvrières au profit de la jeunesse et des quartiers. Dans son livre « Ma France en entier, pas à moitié » paru le 11 septembre, il relate des propos tenus par Jean-Luc Mélenchon sur les habitants d’Hénin-Beaumont, les décrivant comme « presque tous obèses » et transpirant « l’alcool dès le matin ». Mais cette rupture était en gestation depuis un certain temps. Dans son ouvrage « Je vous écris du front de la Somme » (2022), Ruffin accusait déjà La France insoumise d’avoir négligé la question du travail, pilier de la gauche depuis Jaurès, en défendant par exemple le « droit à la paresse ».
Dans les milieux populaires, occuper un emploi peut être une source de souffrance mais c’est aussi une identité, une place dans la société. Ne pas en avoir expose au risque d’être stigmatisé comme un « assisté », un « feignasse », et surtout un « cassos » (abréviation de cas social). Le chômage est vécu comme un poids lourd pour ceux qui en sont victimes, hurlant silencieusement leur désir de reconnaissance.
Pour comprendre plus en profondeur cette réalité de la fracture sociale, nous devons explorer les racines de cette stigmatisation, la façon dont elle est perpétuée dans les discours politiques et médiatiques, et les conséquences qu’elle peut avoir sur la vie des individus concernés. Une étude approfondie de ce phénomène nous permettra d’appréhender les enjeux de société qui y sont liés et de mettre en lumière les voix de ceux qui sont trop souvent réduits au silence. Nous ne pouvons plus ignorer cette réalité, il est temps de donner une voix aux « cassos » et de reconnaître leur humanité, leur dignité.