En ce dimanche fatidique, la participation des électeurs tunisiens aux élections présidentielles du 6 octobre dernier a mis en lumière un désintérêt latent pour la chose politique. Les résultats de ce scrutin ont divisé le pays en deux, entre une partie jubilante et optimiste et une autre hébétée et anxieuse quant à l’avenir qui les attend.
Suite à la diffusion d’un sondage Sigma à la sortie des urnes par la télévision publique, annonçant la victoire au premier tour du président sortant avec 90,7% des voix, une atmosphère de joie et d’excitation s’est emparée du camp des partisans de Kaïs Saïed. Ce dernier, lors d’une visite à son QG, a déclaré que la Tunisie vivait actuellement un moment crucial dans l’histoire de sa révolution, et qu’il s’engageait à œuvrer pour bâtir un pays débarrassé de la corruption et des complots.
Naoufel Saïed, directeur de campagne et frère du président élu en 2019, s’est également félicité de ce score « inédit », affirmant que lors de la campagne électorale, il était clair que le peuple soutenait pleinement le président de la République. Cependant, malgré cette euphorie affichée par les partisans de Kaïs Saïed, le faible taux de participation au scrutin a suscité des interrogations quant à la légitimité de ces résultats.
En effet, la Tunisie n’a enregistré qu’une participation de 54,2% pour ce premier tour des élections présidentielles, soit le taux le plus bas depuis les réformes démocratiques de 2011. Ce chiffre alarmant témoigne d’un désintérêt croissant des électeurs pour la politique, et met en lumière les défis auxquels le pays est confronté en termes de représentativité démocratique et d’engagement citoyen.
Malgré les discours de victoire et d’enthousiasme, certains observateurs s’inquiètent de la polarisation croissante de la société tunisienne et de la marginalisation des voix dissidentes. En effet, plusieurs opposants à Kaïs Saïed ont été écartés du processus électoral ou se retrouvent actuellement emprisonnés, soulevant des questions sur la liberté d’expression et la démocratie en Tunisie.
Face à ce contexte politique incertain et à ce désintérêt grandissant des électeurs, il est essentiel de renforcer les institutions démocratiques et de promouvoir un dialogue inclusif pour garantir la représentativité et la légitimité des processus électoraux. La Tunisie se trouve à un tournant crucial de son histoire, et il est primordial que tous les acteurs politiques et sociaux s’engagent à préserver les acquis de la révolution de 2011 et à construire ensemble un avenir démocratique et prospère pour le pays.