Déçue de l’absence de mesures chinoises, la place boursière parisienne a été plombée par le luxe et les spiritueux. Après des jours de prudence marqués par le risque géopolitique, le retour des marchés chinois devait permettre à la Bourse de Paris de passer la journée dans le vert. L’absence de mesures de relance et l’annonce de surtaxe sur le cognac exporté en Chine ont douché les espoirs des investisseurs. Les secteurs des spiritueux et du luxe ont complètement plongé et les ouvertures en hausse à Wall Street ont seulement permis d’atténuer la chute. Le programme assez calme de la journée n’a jamais permis aux investisseurs de tourner la page de leur déception vis-à-vis des annonces chinoises. Les spéculations sur la trajectoire de la Réserve fédérale américaine (Fed) rythment toujours les marchés tout comme les tensions au Proche-Orient qui continuent de planer au-dessus des échanges boursiers.
Du côté des indices en France et dans le monde, le CAC 40 a baissé de 0,72%, le SBF 120 de 0,69%, le DAX de 0,20%, le FTSE 100 de 1,36%, le Nikkei de 1,00%, le Dow Jones a augmenté de 0,10% et le Nasdaq de 1,16%.
Les marchés s’étaient préparés à connaître une séance euphorique comme lors de la dernière salve de mesures chinoises, mais les dernières nouvelles venues de Pékin ont fortement déçu. La prise de parole de la Commission nationale pour le développement et les réformes (NDRC) était très attendue après une semaine de fermeture due à la Golden Week, mais il n’y a finalement rien eu. La promesse d’une prochaine salve de mesures a bien été évoquée, mais ce n’était pas suffisant pour les marchés. Les places boursières chinoises ont profité pour bondir, après plusieurs jours de fermeture, mais la déception a finalement fait calmer les ardeurs vers 4,59%, deux fois moins qu’à l’ouverture. À Hong Kong, la déception fut encore plus rude avec un plongeon de 8,78%, la plus grosse chute de l’indice depuis 2008. Les annonces ont également affecté les cours du pétrole avec des baisses d’environ 5% avec la crainte d’une baisse de la demande chinoise. Les sociétés fortement influencées par la conjoncture de la deuxième économie mondiale, comme le luxe, sont les premiers à en pâtir. À la clôture de Paris, Kering perdait 4,45%, LVMH lâchait 3,57% et Hermès 0,60%.
Alors que tous les constructeurs automobiles poursuivent leur dynamique baissière dans un climat morose pour le secteur, Renault fait exception aujourd’hui en réalisant la meilleure performance du CAC 40. Les marchés attendaient avec méfiance des annonces de la marque au losange après les abaissements d’objectifs en cascade dans le secteur. Le groupe français aurait tenu une brève conférence téléphonique ce matin pour rassurer sur des résultats qui seraient légèrement négatifs, mais la société conserve ses prévisions pour l’année. Les recommandations des analystes lui ont donc permis de gagner 2,95% lors de cette séance. Goldman Sachs considère notamment le titre comme une opportunité d’achat tout comme JP Morgan et Bernstein.
Le couperet que les groupes de spiritueux, comme Rémy Cointreau, craignaient depuis le début de l’année est finalement tombé aujourd’hui. La Chine a annoncé que les importateurs européens d’eaux-de-vie devraient dorénavant déposer une caution auprès des douanes chinoises à partir de ce vendredi. Un dépôt qui permettrait à Pékin d’appliquer des surtaxes douanières sur ces produits. Cette mesure est une conséquence de la joute commerciale à laquelle se livrent actuellement l’Europe et la Chine, avec la surtaxe sur les véhicules chinois voulue par l’Union Européenne. Le secteur des spiritueux, qui voit déjà ses volumes de ventes en berne, est l’une des victimes collatérales puisque le marché chinois représente 20% des ventes de cognac. Les actions de Rémy Cointreau, connu pour son cognac Rémy Martin, ont donc connu la pire chute du SBF 120 avec une perte de 6,37%.
» Il était nécessaire pour la Fed de baisser fortement ses taux en septembre, d’un demi-point, mais les prochaines coupes ne suivront pas nécessairement ce rythme. » John Williams, le président de la Fed de New York, s’exprime dans le Financial Times juste avant la publication du compte rendu de la réunion de la Fed du mois de septembre et lorsque les spéculations sur une future baisse des taux en novembre de 0,25 point vont bon train.
Les marchés seront une nouvelle fois prudents puisqu’ils auront les yeux tournés vers les prix de la consommation américaine publiée jeudi, mais ils garderont un petit intérêt pour le compte rendu de la politique monétaire de la Fed. Du côté des entreprises françaises, les quelques publications seront dévoilées à la clôture de la séance (Réalités, Lepermislibre…).
Dans ce contexte difficile pour les marchés, L’Oréal, le numéro un mondial des cosmétiques, traverse une période difficile, notamment sur les marchés du luxe et en Chine. Malgré tout, son modèle économique lui permet de relativiser et de poursuivre les gains de parts de marché. Retrouvez notre conseil sur la société L’Oréal. Mais ces écueils sont à relativiser.