Pointé du doigt ces derniers jours, Kylian Mbappé est loin d’être le seul à manquer la prochaine trêve internationale. Face à des calendriers surchargés et la perte d’intérêt des fenêtres internationales, les joueurs et les clubs ont parfois dit stop aux dépens des sélections.
Tel un séisme, l’absence controversée de Kylian Mbappé avec les Bleus fait parler, d’autant que le tricolore est loin d’être le seul à manquer cette trêve internationale. Vinicius Junior, Rodri, Romelu Lukaku, Jamal Musiala ou encore Emiliano Martinez, le onze des absents pour cette parenthèse internationale ferait trembler de nombreuses formations. Et pour cause, l’enchaînement des rencontres dans des calendriers surchargés entraîne davantage de blessures au sein des effectifs et contraint désormais certains joueurs sous pression à faire un choix entre le club et la sélection.
«Un calendrier démentiel» qui entraîne des blessures
«Personne ne nous écoute», confiait un Jules Koundé écœuré il y a un mois en évoquant le nombre grandissant de matches à jouer chaque saison. Le défenseur des Bleus était ouvert à l’idée d’une grève des joueurs, un sujet que Rodri, milieu de Manchester City, avait également mis sur la table. «Si les gens veulent voir un meilleur football, il faut qu’on puisse se reposer», réclamait l’Espagnol, quelques jours avant de se blesser gravement au genou. Celui qui a été élu meilleur joueur de l’Euro 2024, remporté par l’Espagne, manquera donc la trêve sur blessure et ne devrait pas rejouer cette saison.
Le milieu offensif allemand Jamal Musiala est dans le même cas mais pour une durée plus courte à la suite d’un pépin à la hanche le week-end dernier. Son coéquipier au Bayern Munich, Dayot Upamecano, a déclaré forfait auprès des Bleus car touché aux ischio-jambiers. La star brésilienne Vinicius, elle, souffre des cervicales. Kylian Mbappé a vu sa cuisse gauche siffler il y a dix jours. Le Belge Kevin De Bruyne est aussi sur la touche pour «reposer son corps» selon son sélectionneur Domenico Tedesco. Le président de la FFF, Philippe Diallo, a abondé dans le sens des joueurs lundi au micro de franceinfo, dénonçant «un calendrier démentiel».
Le poids grandissant des clubs
«Est-ce que le rapport de force est en notre faveur ?», a interrogé le président de la FFF, Philippe Diallo. Sous-entendu : il ne l’est pas. Les clubs, employeurs des joueurs, pensent à leurs intérêts avant ceux des équipes nationales. On l’a encore vu cet été où plusieurs grosses écuries européennes étaient réticentes à laisser leurs poulains disputer les JO de Paris 2024, le Real Madrid en tête. Une vision confirmée par le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps : «L’employeur c’est le club, pas la fédération».
En plus de Mbappé et Vinicius, Eder Militão (Brésil) et Andriy Lunin (Ukraine), victimes de légers problèmes de santé, vont rester en Espagne durant la trêve. Vraie blessure ou précaution abusive ? «Il y a une pression exercée par les clubs sur leurs joueurs», a constaté Diallo. Le problème ne peut être décorrélé de celui du calendrier et de l’intensité des matches de football, plus élevée que par le passé. «La surcharge du calendrier amène les clubs à être de plus en plus vigilants par rapport à la situation des uns et des autres», a souligné Didier Deschamps. Et au final, ce sont les sélections qui trinquent.
La perte d’intérêt des fenêtres internationales
Des clubs de plus en plus réticents pour laisser leurs joueurs filer en sélection mais les principaux intéressés sont eux aussi de plus en plus hostiles. Le dernier en date : Romelu Lukaku. De retour en forme avec le Napoli, le meilleur buteur de l’histoire des Diables rouges a refusé pour la deuxième fois consécutives l’appel de la Belgique. Et pourtant, comme le rappelle Phillipe Diallo : «les joueurs comprennent parfaitement qu’on ne devient jamais un très grand joueur, qu’on ne rentre pas dans la légende, lorsqu’on n’a pas réussi à avoir des résultats performants avec sa sélection nationale».
Des paroles qui ont du sens. Lionel Messi, Neymar ou encore Cristiano Ronaldo ont souvent tout sacrifié pour disputer dans les meilleures conditions les Coupes du monde et Euro/Copa avec leurs nations, parfois même aux dépens de leur club. Une période qui semble lointaine aujourd’hui tant certains joueurs mettent leur carrière internationale entre parenthèses pour être en pleine possession de leurs moyens en club. Ajoutez à cela des trêves de plus en plus fréquentes, des changements de format qui incluent encore plus de matches ou encore l’apparition de compétitions annexes. Autant d’éléments qui contribuent à une perte d’intérêt des fenêtres internationales au grand dam des sélections.