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Vieillir avec santé : l’importance des kinésithérapeutes pour prévenir la dépendance
Le vieillissement de la population est un défi majeur auquel la société française doit faire face. Selon des prévisions de l’Insee, d’ici 2050, un tiers des Français auront plus de 60 ans. Cependant, ce qui est moins connu, c’est que l’espérance de vie sans incapacité démontre un vieillissement pathologique trop précoce. Les chiffres sont inquiétants : les femmes peuvent espérer vivre 65,3 ans sans incapacité pour une espérance de vie totale de 84,8 ans (en 2022), tandis que les hommes peuvent espérer 63,8 ans sans incapacité pour une espérance de vie de 78,4 ans. Ces incapacités, qu’elles soient motrices, sensorielles ou cognitives, ont un impact direct sur la qualité de vie des personnes âgées et génèrent des coûts de santé considérables. Devons-nous accepter l’idée de passer les 15 à 20 dernières années de notre vie avec une santé fragile ? Ou sommes-nous prêts à mettre en place des interventions précoces et efficaces pour prévenir ces incapacités ?
Pour que vieillir soit synonyme d’opportunité plutôt que de problèmes, il est indispensable de changer notre perception du vieillissement. Il faut comprendre – et enseigner – la différence entre vieillissement normal et pathologique, reconnaître la variabilité interindividuelle du vieillissement, prendre en compte les particularités du vieillissement des personnes handicapées. Il est également crucial de lutter contre l’âgisme, qui conduit à des discriminations, des stéréotypes et des dérives de langage envers les personnes âgées.
Encourager l’activité physique, repérer les fragilités, rééduquer les handicaps
Les professionnels de santé ont un rôle majeur à jouer dans l’accompagnement du vieillissement en bonne santé. Les kinésithérapeutes sont en première ligne pour aider les personnes âgées à maintenir leur autonomie. Leur expertise en matière de mobilité, de force musculaire et d’équilibre est essentielle pour prévenir la dépendance des personnes âgées.
En tant qu’acteurs de la prévention primaire, les kinésithérapeutes encouragent l’activité physique régulière, qui permet de maintenir un bon état de santé, de prévenir la plupart des maladies chroniques liées à l’âge, y compris les maladies neuro-évolutives, et contribue à la santé mentale. En prévention secondaire, ils sont capables de repérer la fragilité des personnes vieillissantes, de la prendre en charge via des exercices adaptés et de prévenir les chutes, responsables chaque année de plus de 100 000 hospitalisations et 10 000 décès en France. Dans le cadre de la prévention tertiaire, ils améliorent la condition des personnes déjà dépendantes grâce à des séances de rééducation spécifiques. Ils doivent également travailler en étroite collaboration avec les autres professionnels de santé pour offrir une approche globale et coordonnée des soins.
Pour un dépistage systématique de la fragilité motrice
Il est essentiel de permettre aux kinésithérapeutes d’accomplir leur mission en renforçant leur formation initiale sur le vieillissement normal et pathologique, ainsi que leur formation continue en gériatrie. Mettre en place des rendez-vous réguliers avec la population, à des moments clés de la vie des personnes, est également crucial. Le nouveau dispositif « Mon bilan prévention », à quatre périodes de la vie, notamment pour les 60-65 ans et les 70-75 ans, est une avancée positive mais il doit aborder tous les aspects de la santé en 30 à 45 minutes.
Nous pensons qu’un bilan spécifique de dépistage de la fragilité motrice chez les personnes âgées, avec une réévaluation régulière selon le programme Icope (Integrated Care for Older People), doit être réalisé par les kinésithérapeutes. Cette évaluation devrait se faire à domicile, où la majorité des personnes souhaitent vieillir. Elle devrait être systématique à l’entrée en Ehpad, où résident 21 % des personnes de plus de 85 ans. Une attention particulière doit également être portée aux personnes lors de leur retour à domicile après une hospitalisation. En ce qui concerne la rééducation en gériatrie, elle mérite la création d’un acte spécifique, avec des attentes claires en termes d’équilibre dynamique et de maintien des activités de la vie quotidienne.
Changer notre perception du vieillissement, c’est aussi réfléchir à la qualité de vie des personnes âgées, dépendantes ou non, et à leur contribution à la société. La discipline des kinésithérapeutes, alliant prévention et rééducation, est tournée vers l’avenir, accompagnant les avancées de la médecine et de la chirurgie réparatrices, ainsi que le développement de technologies adaptées aux besoins quotidiens des aînés. La vieillesse, loin d’être une défaite, est une victoire sur le temps ! Mobilisons-nous pour en faire une réussite.
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