La location à la semaine du samedi au samedi est un pilier des vacances aux sports d’hiver en période scolaire. Cependant, les arrivées le dimanche gagnent en popularité, et l’offre de courts séjours émerge pendant les vacances de printemps.
Êtes-vous prêt à dépenser une fortune pour des vacances qui pourraient se transformer en cauchemar sur les routes encombrées ? Étrangement, ce n’est pas ainsi que la majorité des Français envisage la réservation d’un séjour aux sports d’hiver. La tradition d’une semaine de vacances, du samedi au samedi, semble figée depuis au moins 40 ans ! Que ce soit à Noël ou pendant les vacances de février, alors que les réservations battent leur plein, la logique du samedi au samedi continue de structurer les migrations vers les sommets.
Sachant que 80% des clients se rendent en voiture à la montagne, on peut facilement imaginer les problèmes auxquels seront confrontés les véhicules sur les routes étroites et parfois enneigées… Mais cela ne semble pas dissuader les vacanciers. Le problème est d’autant plus préoccupant que les transports contribuent à 60% des émissions de carbone des vacances à la montagne, selon les détracteurs du ski, avec une offre de train notoirement insuffisante. « Nous rencontrons le même problème pour les grands départs de l’été », souligne Éric Brèche, président du Syndicat national des moniteurs de ski français (SNMSF). La tradition des congés payés en France et les calendriers des vacances scolaires ont tendance à figer les choses, n’oublions pas cela. Alors, de quel côté faut-il regarder, sachant que tout le monde se renvoie la balle ?
Télétravail et cours de ski
« Avant tout, il faut dire que la demande émane des clients eux-mêmes, beaucoup d’entre eux restant sur cette logique pour différentes raisons, notamment la gestion des enfants », tempère Vincent Lalanne, directeur général de l’office de tourisme et de la centrale de réservation de Val Thorens, en Savoie. Les Français qui partent à la montagne cet hiver y passeront en moyenne 6,3 jours, révèle une étude annuelle du cabinet G2A, acteur majeur du secteur. Comme c’est le cas pour Clarisse, une habituée des vacances d’hiver dans les Alpes, qui ne considère pas une autre option que le samedi pour partir. Les habitudes sont bien ancrées.
« De plus, avec le télétravail, on peut s’organiser pour finir tôt le vendredi et partir dès la sortie de l’école des enfants. Nous passons une nuit dans un hôtel à Albertville », témoigne cette cadre du secteur bancaire. « Avec cette organisation, nous pouvons rencontre des difficultés le vendredi mais le lendemain, nous montons tôt et espérons que l’appartement soit disponible avant 16 heures. Nous louons les skis et prenons les forfaits en attendant. » Les cours de l’ESF sont déjà réservés pour le lendemain à 9 heures. Une tradition bien ancrée, là encore.
Une offre qui évolue vers le dimanche
Les choses évoluent lentement. « Malgré la demande croissante de flexibilité et de courts séjours, l’écosystème de la montagne continue d’être structuré par une offre à la semaine, surtout pendant les grandes périodes de vacances scolaires », diagnostique Cécile Revol, country manager France de Sunweb, l’un des plus importants tour-opérateurs du secteur.
Le mouvement peut d’abord venir des hébergeurs, souvent pointés du doigt. Et notamment, compte tenu de la typologie de la montagne, des résidences de tourisme ou des villages vacances, le parc hôtelier ne représentant que 4% de l’offre en France. Le poids important de ces chaînes par rapport aux structures familiales d’Autriche, par exemple, ne plaide pourtant pas en faveur d’un changement de mentalité. « La plupart des hébergeurs sont engagés dans cette logique du samedi au samedi et tout en découle : leur programme d’animation, le nettoyage… », souligne Cécile Revol.
Le Club Med a adopté une logique du dimanche au dimanche il y a déjà 30 ans. « Les cours de ski proposés par le Club Med sont indépendants de ceux des stations. Nous mobilisons des moniteurs ESF spécialement pour nos clients », explique un porte-parole de l’entreprise au Trident. « Les cours en formule tout inclus sont proposés du lundi au vendredi soir. Cela permet aux moniteurs d’être libres le samedi, mais aussi le dimanche. La journée du samedi, sans cours, permet souvent aux parents de skier avec leurs enfants et de constater leurs progrès. »
Professions indépendantes
Chez Pierre et Vacances, qui possède 65 résidences de tourisme dans les massifs français, l’offre du dimanche au dimanche gagne en popularité chaque hiver. Le tarif reste le même, même si organiser un séjour le dimanche est plus coûteux. « Cela représente 20% de notre capacité en haute saison, soit le double en deux ans, et je pense que nous monterons jusqu’à 30% au cours des prochaines années », annonce David Sandier, directeur commercial et marketing. « La demande provient surtout de certaines catégories professionnelles : des indépendants qui travaillent le samedi, par exemple, et qui trouvent leur compte à voyager sans embouteillages. Quitte à perdre une journée de cours si aucun arrangement n’est possible à l’école de ski. »
Chez MMV, Caroline Marro constate également qu’une petite partie de leur offre a glissé vers les départs décalés et le dimanche, environ 10% cette saison. « Mais la semaine restera la norme pendant la haute saison des sports d’hiver. La flexibilité jouera surtout sur les jours d’arrivée et de départ, ainsi que sur l’heure », prédit la directrice générale adjointe de MMV, qui compte 11 000 lits en montagne et propose depuis cet hiver un check-in anticipé payant le samedi en fin de matinée.
Le potentiel du printemps
C’est finalement pendant les vacances de printemps, plus difficiles à commercialiser pour les stations de ski, que la logique du court séjour gagne en parts de marché. « Actuellement, 35% de nos ventes sont en dehors du samedi-samedi, se réjouit Cécile Revol, country manager France de Sunweb. La demande est là et nous avons réussi à proposer des séjours de 3 à 6 nuits par exemple, en commençant par les hébergements dont nous disposons en propre », indique la responsable France du tour-opérateur. Selon elle, cette flexibilité répond également aux besoins réels des clients. « Cette flexibilité est une réponse adaptée au besoin de fréquentation en basse saison ou aux reports que nous commençons à voir de février vers avril », plaide-t-elle.
« Tout le monde doit travailler pour satisfaire les clients », tranche Éric Brèche (ESF). « Mais chacun a aussi ses contraintes, du côté de l’école de ski, il y a un programme pédagogique mais chaque école de ski est ouverte aux évolutions. » Aux Arcs, Éric Chevalier se souvient de l’expérience de flexibilité menée en 2022, lorsque Noël et le jour de l’An tombaient un samedi, incitant les hébergeurs à être plus souples pour ne pas risquer de perdre des clients. « Lorsqu’on leur a demandé quand ils préféraient arriver, 20% des clients interrogés ont opté pour le vendredi, 30% pour le dimanche et 50% pour le samedi. Il y a donc de la marge. »
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