ANALYSE – Les écoles prennent position sur la crise climatique
Dans l’enseignement initial, les écoles de commerce ont toutes intégré la responsabilité sociale et environnementale (RSE) dans leurs programmes. Mais qu’en est-il des Executive MBA (EMBA) qui s’adressent aux cadres supérieurs ou dirigeants en exercice ? Des écoles telles que l’ESCP, l’Insead, Kedge ou Neoma l’ont intégré dans l’ensemble de leur cursus, tandis que d’autres avancent à un rythme plus lent.
« Pourtant, il y a urgence, l’action doit être immédiate. Ceux qui prennent des décisions doivent être convaincus et formés », estime Sami Attaoui, directeur du Global EMBA de Neoma. Les contraintes réglementaires, la loi Pacte, et le reporting RSE les mettent sous les projecteurs.
Les défis et les solutions
« Les entreprises doivent mettre en place une stratégie de transition, comprendre la résistance au changement, les contraintes financières, les ressources dont elles ont besoin », souligne-t-il. Chez Neoma, le virage a été pris après la pandémie de Covid-19. Tous les cours abordent désormais l’impact environnemental. Le cursus prévoit également des séminaires sur la transition énergétique et écologique, des visites d’entreprises pour comprendre les défis et les solutions mises en œuvre.
Même constat, même démarche chez Kedge. « Nous voulons former les cadres qui vont transformer le modèle économique vers la durabilité, la transition écologique et énergétique », affirme Stéphane Ouvrard, directeur du Global EMBA.
L’école propose des séminaires immersifs de deux jours dans des entreprises ayant adopté de bonnes pratiques environnementales et sociétales, invite des cadres à partager leur expérience sur le campus ou à distance lors de sessions d’une heure.
Un domaine traditionnellement masculin
La prise de conscience est parfois marquante. « Nous venons de différentes entreprises où la RSE n’est pas un sujet quotidien », reconnaît Magali Teisseire, commissaire-priseur, directrice du département bijoux de Sotheby’s France, qui suit l’EMBA de Neoma. « Nous avons compris que les nouvelles réglementations toucheront toutes les entreprises. Cela nous a ouvert les yeux. »
Son voyage d’études au Ghana l’a sensibilisée de manière différente. « La RSE y est abordée de manière pratique, concrète », témoigne-t-elle. « Au Ghana, c’est le secteur privé qui s’investit et prend en charge certains problèmes sociétaux. C’est le cas d’un consultant qui est retourné dans son pays pour créer sa société de conseil aux microentreprises et une plateforme de financement à impact. Ou cette informaticienne qui a ouvert une académie pour les filles en développement informatique, un domaine traditionnellement masculin. »
À Boston et en Malaisie
Si les voyages d’études sont indispensables pour obtenir les précieuses accréditations internationales, ils ont cependant un impact environnemental. Marine Bittel, chef de projet en R&D dans le secteur médical de Tronico, en EMBA à Audencia, est partagée. « S’immerger dans la culture, dans le concret d’un pays est nécessaire. Mais, dans certains cas, il peut être préférable de réaliser des interventions à distance », estime-t-elle.
Après un déplacement à Boston jugé un peu trop académique à son goût, la promotion se rendra en Malaisie à la rencontre d’une ONG qui a mis au point une solution de nettoyage des rivières et des océans. Elle visitera aussi une société de certification sur la durabilité des entreprises de la chaîne d’approvisionnement. Un véritable plongeon dans la réalité.