En Australie, un mouvement antimonarchiste gagne du terrain et s’oppose de plus en plus à la présence de la royauté britannique dans le pays. Pour illustrer cet état d’esprit, le visage du roi Charles III a même été retiré des billets de banque.
Le roi Charles III, arborant des lunettes d’aviateur, une couronne oversized et une veste cramoisie, est représenté aux côtés de son épouse Camilla et de son fils Harry. Cette caricature du roi en visite en Australie a de quoi surprendre, symbolisant un mouvement politique orchestré par le mouvement républicain australien (ARM) qui prône l’abolition de la monarchie. Alors que le roi Charles III a été officiellement nommé roi d’Australie et de Nouvelle-Zélande au début de son règne, cette visite ravive les contestations antimonarchistes dans un pays où environ un tiers de la population se positionne contre la royauté.
Conçue comme une « tournée d’adieu », rappelant le dernier concert d’une star de la chanson avant son départ définitif, la visite de Charles III a inspiré l’ARM à organiser des événements parodiques tout au long de son séjour en Australie, rebaptisée « Farewell Oz Tour » pour l’occasion. Esther Anatolitis, coprésidente de l’ARM, souligne que la démocratie australienne ne doit pas être considérée comme un spectacle, mettant en avant le mérite des représentants élus par les citoyens.
Selon un sondage cité par l’ARM, 40% des Australiens ignoraient que le roi Charles III était également le chef d’État de l’Australie, un fait en vigueur depuis le règne de la reine Victoria. La colonisation britannique de l’Australie au XVIIIe siècle et la réunion des colonies en un dominion de l’Empire britannique en 1901 ont marqué l’histoire du pays, plaçant les monarques britanniques au sommet de l’État australien. Si le républicanisme a toujours existé en Australie, le mouvement a pris de l’ampleur dans les années 1990, mais sans succès lors du référendum de 1999 visant à instaurer une république et l’élection d’un président au suffrage universel.
L’ancienne Première ministre Julia Girard avait envisagé d’abolir la monarchie à la mort d’Elisabeth II, mais le projet fut abandonné après la visite de la famille royale en 2011 qui a restauré l’image de la monarchie. Cependant, le manque d’attrait pour Charles III, moins populaire que sa mère, a relancé le débat sur la monarchie britannique en Australie. Symbole de cette contestation, la Banque centrale australienne a retiré symboliquement la tête du roi des billets de banque, remplaçant le portrait d’Elizabeth II par des aborigènes. Des statues de George V et de la reine Victoria ont également été décapitées symboliquement lors de manifestations anticoloniales récentes.
Le voyage de Charles III en Australie a été marqué par une réception mitigée, avec l’absence de représentants de six provinces australiennes pour l’accueillir. Même au Royaume-Uni, des commentateurs ont critiqué cette attitude, notant que le roi se rendait dans le pays pour la première fois depuis le début de ses traitements de chimiothérapie. Certains opposants à la monarchie britannique, comme Graham Smith de « Republic », se sont rendus en Australie pour participer aux rassemblements contre le roi, illustrant le contexte tendu de cette visite.
Lors d’une manifestation ce dimanche, des pancartes réclamant la « décolonisation » de l’Australie et accusant le roi Charles III d’être à la tête d’un « empire construit sur un génocide » ont été brandies devant l’église anglicane de Saint Thomas à Sydney, où le roi assistait à une messe avec son épouse Camilla. Même la presse britannique s’interroge sur l’avenir de la royauté en Australie, spéculant sur le fait que Charles III pourrait être le dernier roi à visiter le pays.