Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a suscité l’attention lors de sa participation au sommet des Brics à Kazan. La Turquie, membre de l’Otan depuis 1952, a exprimé en septembre dernier son désir de rejoindre le groupe informel dominé par la Russie, la Chine et l’Inde, symbolisant la montée en puissance des nations du « Sud global ».
Cette démarche est significative pour Ankara, qui a longtemps été ancrée à l’Occident sur le plan sécuritaire et économique depuis la guerre froide, mais qui cherche désormais à affirmer sa souveraineté stratégique. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, la Turquie a renforcé ses liens avec Moscou tout en soutenant également l’Ukraine en lui fournissant des armements tels que des drones et des frégates. Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andriy Sybiha, s’est rendu à Ankara pour des discussions le lundi précédent.
Cette nouvelle orientation diplomatique d’Erdogan est également liée à la recentralisation du pouvoir politique en Turquie, marquée par une série de réformes autoritaires visant à renforcer le pouvoir du président et à affirmer l’indépendance de la politique étrangère turque. Malgré les tensions croissantes avec les États-Unis et l’Union européenne, Erdogan s’est positionné en défenseur de la souveraineté nationale et a cherché à diversifier ses alliances.
La participation de la Turquie au sommet des Brics témoigne de sa volonté de jouer un rôle actif sur la scène internationale et de se positionner en tant qu’acteur clé dans les relations entre l’Orient et l’Occident. Erdogan a profité de cette tribune pour souligner l’importance de la coopération entre les nations du « Sud global » et pour appeler à un nouvel ordre mondial basé sur la multipolarité et le respect mutuel des souverainetés nationales.
Dans ce contexte géopolitique complexe, la Turquie doit jongler entre ses intérêts régionaux, sa position au sein de l’Otan et ses ambitions de leadership au Moyen-Orient et au-delà. Erdogan a su habilement naviguer entre les différentes puissances mondiales pour promouvoir les intérêts de la Turquie et pour défendre ses positions sur la scène internationale.
En conclusion, la volonté d’Erdogan de rapprocher la Turquie du « Sud global » témoigne de l’évolution de la politique étrangère turque et de la montée en puissance de nouveaux acteurs sur la scène internationale. Cette réorientation stratégique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives pour la Turquie et redéfinir son rôle dans un monde en pleine mutation.