ANALYSE – Alors que Venise augmente le tarif de son billet d’entrée, de nombreux pays et villes se tournent vers des péages pour tenter d’endiguer l’affluence touristique et préserver l’environnement. Avec des résultats contrastés.
Ces taxes touristiques, souvent négligées dans le budget des vacances, peuvent en réalité ajouter un léger goût salé à la note finale. Depuis février 2024, les visiteurs étrangers doivent désormais payer une taxe de 150 000 roupies pour entrer à Bali. En Nouvelle-Zélande, le montant du droit d’entrée payé par les voyageurs étrangers a été triplé pour s’élever à 100 dollars néo-zélandais à partir du 1er octobre. Venise a également mis en place un billet d’entrée de 5 euros au printemps dernier, avec une augmentation prévue à 10 euros en 2025 pour ceux qui réservent moins de quatre jours avant leur arrivée.
La notion de taxes touristiques n’est pas nouvelle. En France, la taxe de séjour mise en place en 1910 est réglée directement par les touristes aux hébergeurs et contribue au financement et à l’amélioration des infrastructures touristiques. En plus de la taxe sur l’hébergement, de plus en plus de pays instaurent des taxes pour franchir les frontières ou entrer dans certaines villes. Certaines sont censées réguler les flux touristiques, mais ont-elles réellement un impact sur la surfréquentation ?
Pour Venise, la réponse semble être non. La taxe d’entrée n’a pas dissuadé les visiteurs et n’a pas eu l’effet escompté. Cependant, elle a permis de sensibiliser le public aux problèmes de surfréquentation de la ville. Les recettes générées par cette taxe se sont élevées à 2,2 millions d’euros cette année. À Bali, les fonds issus du droit d’entrée visent à préserver le patrimoine et l’environnement, tandis que l’IVL en Nouvelle-Zélande vise à améliorer les sites touristiques et les services publics.
Malgré des objectifs louables, ces taxes peuvent poser problème aux destinations touristiques. Elles doivent jongler entre l’objectif d’accueillir des visiteurs tout en régulant ces flux pour éviter une surpopulation. Une taxe trop élevée peut décourager les visiteurs aux revenus modestes, tandis qu’une taxe trop faible ne permettra pas de contrôler la fréquentation. Pour obtenir des résultats concrets, il faudrait également limiter la capacité d’hébergement des villes en empêchant la construction de nouveaux hôtels.
Des villes comme Amsterdam se positionnent en exemple en mettant en place des mesures pour limiter les effets du tourisme de masse. Le bannissement des croisières, la lutte contre les fêtes excessives et l’interdiction des nouvelles constructions hôtelières font partie de ces mesures. Ces politiques commencent à donner des résultats, avec une baisse de 22 % du nombre de visiteurs britanniques à Amsterdam en 2023 par rapport à 2019.
Face à l’augmentation du nombre de visiteurs et des incivilités qui en découlent, certaines villes japonaises envisagent également d’instaurer un tarif spécial pour les touristes étrangers. Venise, quant à elle, montre la voie et cherche à s’imposer comme un modèle à suivre pour gérer l’afflux touristique.